2021/10/01 (金) 20:35
Et ce talent pour dire qui témoigne d'un art, sinon d'une langue aujourd'hui disparus.
Je la revois encore là-dedans, lors d'une tournée dans je ne sais quel théâtre de Tokyo.
De mon côté je suis (re)né quelque part de cet "Evening of Theatre from Japan" donné au Mc Carter Theatre de Princeton en 71[1]. En furetant à tout hasard sur le net, je retrouve avec émotion la critique pour le canard local de l'inoubliable récital donné un autre soir par Haefliger (intégrale de La Belle Meunière). C'est page 4 :
À la réécoute après disons... quelques années, c'est un curieux Schubert, comme chanté par un Évangéliste, d'ailleurs luxueux.
2021/10/02 (土) 17:38
Il y eut aussi à Princeton un récital Janet Baker, mais je ne me souviens pas de ce qu'elle chanta (programme varié sans doute), sinon que c'était somptueux. Du concert que donna Martinon à la tête de ce que l'on appelait alors l'Orchestre National de l'ORTF, je n'ai gardé non plus d'autre souvenir que des Offrandes oubliées, mon premier Messiaen, si proche des deux Louanges du Quatuor qui allaient jouer un rôle si peu prévisible dans ma vie :
Décidément, entre Sinturel (c'était le nom de notre prof de Turgot), Messiaen et le Père Claudel, l'agnostique forcené que je suis aura finalement largement donné dans les gens qui vont tala messe. Sinturel notamment eut une influence décisive sur mon parcours. C'est lui notamment qui m'a inscrit à Henri IV en classe de philo, et j'avais calqué ma carrière sur la sienne. Nul doute que j'aurais fini francisant si je n'étais tombé à Princeton dans la marmite du druide, et si Origas[2] n'était venu ensuite à Saint-Cloud faire un inoubliable cours d'agreg sur le Kyoto de Kawabata, qui figurait au programme de l'épreuve de littérature comparée. Et nous voilà ce soir...
2021/10/02 (土) 20:03
Pour ma part, je passe mes années dans une jésuitière parisienne. Évidemment, venant d'une famille très bigarrée comme on disait chez mes parents, j'échappe à tous cours de religion. Double ration de rugby, de latin et de grec, mais pas de bon dieu : que du canard sauvage ! J'ai tout de même une grand-mère avec Louange et prière, sa Bible, Calvin et l'harmonium, et mon adoré grand-père athée. Je sais donc mes livres bibliques comme mes déclinaisons. Le côté parpaillot lourd parfois : par l'Entraide protestante, ma grand-mère envoyait de l'argent à ses cousins Malherbe en Afrique du Sud qu'elle n'avait jamais vus. Ajoute à cela qu'en terminale le club de théâtre animé par le P. Meyer nous fait jouer En attendant Godot...
En revanche, j'ai la fibre islandisante, anglo-saxonne et finnisante dès la seconde. Admis à Oxford, j'y soutiens une maîtrise sur le monde scandinave ancien chez Tolkien et un mémoire sur le norne[3]. Hearn[4] me conduit au Japon plus que Waley[5]. Je rencontre Jean-Jacques Origas, Bernard Frank[6]et... d'une île, l'autre.
Bref, la philologie conduit à tout comme la musique :
Je regarde Midnight Mass sur Netflix. On dirait Bernanos rencontrant Stephen King dans un îlot de Nouvelle-Angleterre.
[1] Voir Folies françaises 2020, 2020/05/14, 14:21. [2] Jean-Jacques Origas, japonologue français (1937-2003). [3] Langue morte scandinave qui était parlée jadis dans les Shetland et les Orcades. [4] Lafcadio Hearn, écrivain irlandais japonisant (1850-1904). [5] Arthur Waley, orientaliste britannique (1889-1966). [6] Japonologue français (1927-96).