2021/10/19 (火) 7:02
Nous sommes passés à côté de Rothenberger.
C'est le type même de chanteuse au top dans son pays d'origine, et qui n'imprime pas à l'extérieur.
D'une beauté stupéfiante, c'était la reine de l'opérette viennoise, genre inconnu au-delà des frontières germaniques.
Visant son public qui l'adorait, elle enregistra en allemand des disques qui ne s'adressaient qu'au monde allemand et n'en sortaient donc pas. Et quand c'était dans le grand répertoire, il fallait le mentionner sur la couverture : "Anneliese Rothenberger in Grossen Opern" !
Je ne suis (re)venu à elle que grâce à toi, ayant été scotché par son rendu de Zdenka dans le duo formidable avec Della Casa.
Voilà : ce qui reste d'elle dans le grand répertoire, ce sont ses Strauss, sans doute la meilleuse Sophie de l'histoire, Karajan qui s'y entendait ne s'y trompa pas.
Sa perfection et sa musicalité proprement fanatiques me stupéfient. Sans parler de l'émotion qu'elle sait dégager.
Je ne suis plus très loin de la placer dans mon panthéon personnel auprès de notre divine et adorée Lucia.
Guten Tag !
2021/10/19 (火) 10:30
Rendons-lui tous les hommages que son génie appelle.
Mon père avait un homologue allemand, avec qui il travaillait dans les années 70. Le type racontait dans un français truculent comment, après s'être appuyé un Wagner ou un Verdi, il se soignait à la musique viennoise.
Tout ce que j'écoute en boucle de Rothenberger me bouleverse. Et cette diction de l'allemand.
Déité immédiatement conviée dans notre exigeant ciel.
Commençons par la lune.
2021/10/19 (火) 20:09
Et voilà que l'autre Konstanze générationnelle nous tire sa révérence.
Un exemple particulièrement gratiné de la manière dont il ne faut PAS monter le début concertant de l'air d'abattage, mais le moins que l'on puisse dire est qu'elle assure (quoique pas trop dans le grave...) ! Nous voici doublement orphelins, mon pauvre François.
2021/10/19 (火) 20:21
J'allais te transmettre cette triste nouvelle.
Ces déesses-là restent à jamais dans nos cœurs.
Je suis grisé d'Anneliese. Oui, avec Lucia Popp dans notre firmament.
Elle est d'ailleurs enterrée à Constance. J'y ai tant de souvenirs de petite enfance...
Le hasard n'explique pas tout.
2021/10/19 (火) 21:36
La Gruberova dans ses oeuvres : dans la stratosphère, aucun problème ! And at thirty or so, how cute !
J'ai un souvenir, une trentaine d'années plus tard, d'un récital avec piano dans l'acoustique impossible du Kyoto Concert Hall. Elle passa la première partie à tester prudemment la chose au risque de rendre sa performance indifférente, et joua carrément avec dans la seconde, la rendant inoubliable. Chapeau l'artiste.
2021/10/19 (木) 22:07
Est-elle allée rejoindre en las alturas les zones qu'avaient balisées pour elle des compositeurs un poil sadiques sur les bords ? Strauss d'ailleurs a eu pour Zerbinetta des remords du reste modérés, Mozart que je sache est demeuré droit dans ses bottes.
2021/10/19 (火) 23:03
Que dire de ces pagodes joyeuses pour chasser nos spleens :
2021/10/19 (火) 23:43
Keng-ça-fou, Mah-jong, Keng-ça-fou, puis' -kong-kong-pran-pa, Ça-oh-râ, Ça-oh-râ...
Ça-oh-râ, Cas-ka-ra, harakiri, Sessue Hayakawa
Hâ! Hâ! Ça-oh-râ toujours l'air chinoâ.
Ping, pong, ping, pong, ping. Ah! Kek-ta fouhtuh d’mon Kaoua?
2021/10/21 (木) 13:24
Le rédacteur de la courte notice consacrée à Rothenberger dans les "100 singers (The greatest voices of all time)", dont nous avons passé l'an dernier l'ineffable Last rose of summer, écrit : "Barely another soprano I know had such a crystal clear pronunciation and such an aristocratic timbré. And hearing her Un bel di (unfortunately only available in German) gives me chills down my spine". J'ai eu un peu de mal à retrouver la chose, mais ma peine a trouvé sa récompense au centuple : la caverne d'Ali Baba en ligne propose en effet, quoique dans le désordre, le "Grosser Querschnitt" de Butterfly (Warner classics 1970), avec tiens-toi bien Gedda, Prey et l'excellente Sieglinde Wagner (quel nom !) dans Suzuki. Tu penses avec quel plaisir j'ai remis les choses dans l'ordre... et l'incipit des morceaux dans l'original !
Dovunque al mondo
Entrée de Butterfly
Viene la sera
Bimba dagli occhi
Vogliatemi bene
Un bel di
Ora a noi. Sedete qui
E quello ?
Che tua madre dovrà
Una nave da guerra
Duo des fleurs
Addio fiorito asil
Tu, tu, tu, piccolo Iddio
2021/10/22 (木) 15:58
Malgré la noria de tâches de cette semaine, j'ai passé vingt-quatre heures à écouter notre déesse. Tout est grandiose, et de fait Lotte Lehmann, qui était l'une des proches de Strauss, disait d'elle qu'elle ne connaissait aucune meilleure Sophie au monde. J'ai – mais cela nous ressemble – fait provision de disques et, soyons fous, d'une photo dédicacée. J'ai acheté ses mémoires chez un libraire allemand que je connais en ligne.
Distributions à tomber, mises en scène parfaites. Et cette voix sublime.
2021/10/22 (木) 18:32
Ne barguignons pas notre plaisir et remontons d'une scène dans cet à jamais inégalable Chevalier.