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2021/11/05 (金) 17:54~2021/11/21 (日) 15:31

Updated: Dec 5, 2021

2021/11/05 (金) 17:54

J’ai écouté hier des extraits de Netrebko qui fait plus Castafiore que Lisa dans La Dame de pique.

Je retrouve ceci, d'Obrastzova dans la scène de la Comtesse :


2021/11/06 (土) 6:42


Époustouflante incarnation.

Et je suis sûr que tu ne seras pas insensible non plus à ce retour à l'original.



2021/11/06 (土) 11:45


Ah pour ça non ! Comme tu le sais, Mady est tout en haut pour moi. Netrebko à côté... Le ton de son interview promotionnelle dans Gramophone m'a excédé. Son album russe était ce qu'elle a enregistré de mieux en dehors de la Violetta à la robe rouge de 2005.

Un détail qui te plaira : elle dit détester Madame Butterfly.


Puisque l’art lyrique renvoie toujours aux fantômes...



Je n’ai pas osé Mödl que tu retrouveras facilement. Tchaikovsky touchait au plus haut avec cette œuvre. Plus qu’Onéguine, elle m’a toujours enchanté et, selon les lectures ou les écoutes, terrifié quelque peu. Une seule expérience à Saint-Pétersbourg, dans une distribution certes moyenne mais fidèle. Lisa sur les bords de la Neva. Un autre temps.



2021/11/07 (日) 15:53

La Dame de Pique est pour moi quasi aussi culte que Mme B., et la scène de la Comtesse ne manque jamais de me faire venir les larmes aux yeux, avec ce Grétry d'une lancinante et poignante beauté. Mödl, à quatre-vingt ans et la voix en capilotade est tout simplement prodigieuse.

Crespin et Södertström sont d'un âge d'or qui ne reviendra jamais, et Domingo n'attend pas comme qui nous savons de ne plus pouvoir chanter Lohengrin (et en l'espèce Hermann) pour donner des leçons aux camarades russes.

Je ne suis pas très sûr que tout cela soit très vernaculaire (je suis même plutôt sûr du contraire !), mais qu'importe l'idiome pourvu qu'on ait l'ivresse.


2021/11/07 (日) 17:23


Mödl est terrifiante et vocalement au point. Y compris en russe.

Je suis horrifié par les pochettes de Bartoli et Netrebko – qui a une grosse voix mais ne sera jamais Stemme dans son ordre –, symboles de ce que représente Currentzis aussi. Un enlaidissement de nos féeries. Placido est un monstre (sacré). On l’a accusé de tout mais son génie défie toute comparaison.


En VO, ceci n’est pas mal. Et dans la Comtesse, Eugenia Verbitskaya en vaut bien d'autres.



Après, mon enregistrement préféré, dont je sens encore l'odeur du papier :




2021/11/07 (日) 21:53


Ah, l'odeur du papier des bons vieux disques de la marque Melodiya. Je crois encore sentir celle de l'enregistrement intégral de Boris, rapporté par ma soeur de la tournée de la Compagnie Marie Bell à Moscou en 1960, cela ne me rajeunit pas hélas. Nelepp y incarnait un formidable et trompettant Grigori.

Y a-t-il jamais eu, y aura-t-il jamais plus (et dussent les mânes de Hvorotowsky s'en offusquer) un autre Yeletsky que Lisitsian ?

Valentina Levko est une Comtesse de grand luxe chez Khaïkin : chanteuse encore jeune (la quarantaine), au rebours des matrones de rigueur.

1h38'08"-1h45'15"


2021/11/08 (月) 13:04


Nous aurons beaucoup donné cette fois pour le Dialogue et la Dame, qui par leurs distributions unanimistes traduisent le niveau d'un moment du chant dans le pays. Le Dialogue de la création est du coup à jamais inégalable, et je suis tout de même scotché, sur deux générations (Melik-Pachaïev 1950 et Khaïkin 1966), par les distribs que les Russes étaient capables de réunir. À croire que l'URSS avait du bon !

Andjaparidze semble une réincarnation de Nelepp...

1h46'00 - 1h53'00

...et peut-on rêver plus rayonnante Lisa que Milashkina ?

2h04'25 - 2'10"25

Plus ténorisant, Mazurok ne rougit aucunement devant le monument Lisitsian, malgré le tenuto final qu'on souhaiterait plus propre, mais le vibrato "qui va de Moscou à Vladivostok" est décidément une fâcheuse spécialité locale.

1h06'50 - 1'12"00

Enfin, pour le plaisir, les deux Tomsky. Ivanov...

24'52 - 28'48

...et Kiselev.

24'17 - 27'55

Quelle école tout de même ! Et pour une fois on ne parle même pas de Kozlovsky, privé de Dame !



2021/11/08 (月) 21:53


Sans compter que ces gens, que nous identifions si fort à leur répertoire national, consacraient en fait le plus clair de leur temps à chanter comme tout le monde Carmen et Rigoletto. Andjaparidze passait pour le "Corelli soviétique",

et la Vichnevskaya ne se déplaçait jamais sans avoir mis dans ses bagages sa robe d'Aida, au plus grand plaisir sans nul doute des metteurs en scène et des costumiers qui la réceptionnaient :



2021/11/08 (月) 23:03


Tout cela est grandiose. Le tout-venant de la carrière lyrique avait une autre saveur et, dans leur cas, un autre poids.



Pour ne pas donner que dans l’appel aux mortes :



Les Arts et les Atys florissants mettons, mais en terme d’émotion rien de comparable. C’est Bonjour tristesse comparé aux Hauts de Hurlevent.



À nos joies insolites !



2021/11/09 (火) 9:43


Tu l'auras voulu. Je brave l'interdit et grille un suprême joker sur une flamme infernale.

Доброе утро !


2021/11/09 (火) 14:24


Nous voici Russes jusqu'aux tréfonds de l'âme, et Ukrainiens de sucroît.

La nuit dernière, je suis resté insomnieux avec la Dame et la Khovantchina : au-delà des cartes que l'on abat, ceci qui fendrait un bloc de granit.

La beauté immense de tous ces génies incomparables, outre les difficultés liées au régime, est d'avoir travaillé avec des chefs quasi shamaniques comme Samosud mais aussi Gergiev. Voix à briser pis que briques toutes les dialectiques.


En 1955, quand Decca décarre à Belgrade pour ses séries d'opéras russes qui enchantèrent mes jeunes années, on dit que se croisèrent bien des gens étranges dans la capitale de Tito : un certain Kim Philby, mais aussi nombres d'artistes lyriques qui enregistraient la nuit dans un cinéma après la dernière séance...


2021/11/10 (水) 1:24

...et parmi lesquels avant tout le grand Miroslav Cangalovic, que j'allai entendre dans un concert à la Radio au début des années soixante, et où je revois encore son prodigieux Boris (peut-être le meilleur tout simplement malgré une sacrée concurrence) dialoguer en VO avec une distribution hexagonale qui lui donnait la réplique en VF : autres temps, autres moeurs (lyriques).


2021/11/13 (土) 19:35


Talvela, imbattable Grand Inquisiteur en allemand...

... et Boris en finnois !


2021/11/14 (日) 9:04


Oui, à vrai dire en Grand Inquisiteur il est pas mal non plus en italien...

... sauf que l'original est en français.

J'ai toujours été fasciné d'ailleurs de ce que les Verdi ou les Donizetti français sonnent bizarre dans l'original, comme d'une traduction d'ailleurs superbe, tant on est habitué à la version italienne.



Il fut un temps du reste, pas si éloigné, où l'on ne pouvait monter la version originale de Don Carlos dans une grande maison d'opéra, tant les stars internationales qui savaient leur rôle en italien renâclaient à l'apprendre en français.


2021/11/15 (月) 1:27

Avec ou sans s, Don Carlo reste un sommet inégalé. Ghiaurov et Verrett y ont bien servi.


2021/11/15 (月) 6:35

Certes, et tu évoques là les gloires de ma jeunesse, dont les voix immenses et ductiles me transportaient.



2021/11/15 (月) 16:02


Me voici replongé dans l'une de mes potions magiques (mieux encore que la victoire de l'Irlande contre les Blacks qui fut titanesque) :




Rien ne dépasse cette face nord de mon Eiger. On le retrouve aussi chez nos Russes.



Et puis, un jour de grâce tu me diras ce que tu pense de Sibelius dont tout m'enchante.



En mozartien accompli, que trouver à redire ?



Et de ce roi des Nords ?



Sans oublier ce récital qu'il donna chez nous.




2021/11/15 (月) 18:34


Je suis scotché, mon cher François, les mots me manquent devant pareille perfection. Il remonte pour moi d'un passé totalement enfoui (l'ère Fricsay), c'est ce que j'aime tant dans l'exercice enivrant auquel nous nous livrons. Une basse chantante avec quand il le faut les moyens d'une basse profonde, et un chant d'une totale intégrité. Ils ne se bousculent certes pas dans sa division. À classer parmi nos dieux. Notre empyrée s'accroît.


2021/11/15 (月) 18:47


Comme les deux corbeaux sur les épaules d'Odin : il y a les sauf-conduits vers nos ciels exigeants. Pure beauté. Je n'en reviens pas d'y avoir pensé maintenant : je n'écoutais que lui à Washington[1].




2021/11/15 (月) 21:00


Superbe. Quoi qu'il en soit cela ne peut m'évoquer que le plus beau peut-être des spectacles d'opéra auxquels il m'ait été donné d'assister, à savoir les représentations du Simon Boccanegra de la Scala, données par Ghiaurov, Riciarelli et Capuccilli à l'Opéra en 78. L'image sublime de la nef de Frigerio me hante encore, comme la direction d'Abbado et cette distribution de rêve.


2021/11/15 (月) 21:18


Là je t'envie. Je connais à la note près ces sublimes moments mais pas, hélas, mille fois hélas ! en 1978. Cet opéra est, peut-être, le sommet de Verdi... pour moi. Ghiaurov se passe d'éloges. Sans parler de tous les autres.

Je viens de me faire DFD et Borg dans Erlkönig. Illumination pure. Le génie à ces hauteurs impensables. Tout souvenir de Sibelius – hélas moins lyrique – de toi m'enchanterait. Tuonela forever. https://youtu.be/Ul-gmQjJ3w0

Là nous n'y étions pas.


2021/11/15 (月) 23:16


Et les absents avaient tort. À vrai dire j'allais taper moi aussi la Valse triste, que j'aime de passion. Heureusement qu'il y aussi l'andantino de la Troisième. Et te souviens-tu que nos Folies commencèrent par un enregistrement de Sanderling[2]?

Nostalgies.


2021/11/16 (火) 0:22


Je m’en souviens très bien. Ces distributions constellées de génies sont faites pour nous.


Sibelius est un maître depuis longtemps admiré. Tu connais mes lubies linguistiques dont le finnois fut. J’ai regardé ceci avec grand plaisir :





2021/11/16 (火) 10:43


Merci de cette élégie sibélienne que j'ai beaucoup aimée.

Ce legs si émouvant, alors qu'il s'est déjà muré depuis douze ans dans un silence définitif de trente années, qui dut lui être un martyre : comment se survivre à soi-même quand on a été si grand ?

Drôle par ailleurs que tu dises que tu n'écoutais plus que Borg à Washington. Je me souviens, à l'Institut, avoir eu soudain le même engouement pour Pinza, qui alla jusqu'à me guérir un temps de ma passion exclusive pour DFD (depuis, tu es bien placé pour le savoir, je suis revenu à la vraie foi). L'humanité de ce chant me transportait.

Les grandes basses ont-elles ce privilège ?


2021/11/16 (火) 20:48


Pinza est phénoménal. Belles redécouvertes. Le silence de Sibelius à Järvenpää[3] est une vraie énigme : dire que j’y suis allé ! Dommage qu’il n’y ait ni opéra ni Huitième…


Nos vies parallèles sont tout de même épatantes. Un frère que j’aurai choisi. C’est rarissime. Unique en fait.


2021/11/17 (水) 0:02


Oui, c'est une expérience inouïe, et tu as raison, comme une vie parallèle qui s'alimente et n'a de possibilité qu'à travers l'échange miraculeux avec comme un autre soi-même. J'aime aussi, à titre personnel, qu'il s'agisse enfin, dans ma pauvre vie, d'une écriture qui ne soit pas qu'une misérable glose seconde, et prend totalement sa source dans la mémoire, dans l'oublieuse mémoire. Une écriture qui, au fond, n'induit aucun effort, bien au contraire, elle ne suscite que le plaisir de retrouver en soi des choses délectables qu'on avait seulement perdues de vue, et fait donc ressusciter tous les Combray imaginables. Mais si l'on y songe, quel miracle d'en être arrivé là, par le hasard d'une (re)lecture (les entretiens entre Ozawa et Murakami[4]), et, bien sûr, "parce que c'était toi et parce que c'était moi" : pour paraphraser George Clooney, "Who else" ?


S'agissant du "silence de Järvenpää", je connais trop mal Sibelius pour me sentir autorisé à en dire quoi que ce soit, mais je ne trouve pas cela si surprenant après tout. Au fond, il a déjà passé la soixantaine, il s'essaie (en vain de son point de vue) à la composition de la Huitième, et si l'on retient l'explication proposée par le commentaire du film, je peux comprendre qu'il se soit senti intimidé par son oeuvre antérieure, à un âge avancé pour l'époque où il pouvait avoir le sentiment que ses possibilités créatrices étaient derrière lui. Bien plus problématique me paraît le cas de gens qui avaient produit Citizen Kane à vingt-cinq ans, le Sacre à trente, et qui durent se mesurer toute leur vie à ces indépassables chefs-d'oeuvre, infernales et ricanantes statues du Commandeur.


2021/11/17 (水) 10:12


Tout procède, effectivement, de cette manière d'échanger : champs magnétiques, vases communicants, madeleines – mieux encore les fleurs japonaises de papier que Marie Nordlinger offrait à Proust[5] –. On se met les cœurs à nu, éclairons les ciels de nos fusées avec Mnémosyne pour guide.

Le Silence de Sibelius, la prolixité de Stravinski. Deux maîtres et le second n'éclipse pas le premier.

Welles s'est gâché mais, des Amberson à La Soif du Mal, même son Quichotte, comme le Napoléon projeté de Kubrick, fait rêver.




2021/11/17 (水) 10:51


Et le répertoire est si prodigieusement riche qu'il offre de quoi répondre à cette merveille. Je passe sur l'interprétation, digne de rejoindre notre décidément populeux empyrée.



2021/11/19 (金) 18:56


C'est aujourd'hui le centième anniversaire de la prise de poste de Claudel à Tokyo, cela ne nous rajeunit pas mon pauvre François, surtout moi, et l'Ambassade m'a commandé le script d'un "clip" commémoratif pour lequel je n'avais droit qu'à des photos fixes libres de droit, et quatre minutes chrono : au-delà, nous disent les communicants, le public zappe... Je n'ai pas pu faire de miracle.

Ne me dis surtout pas ce que tu auras pensé du son : il m'aura été ainsi donné d'incarner aussi le spectre de Claudel (l'accent de paysan de Molière en moins), ça n'est pas donné à tout le monde.


2021/11/21 (日) 10:39


Mais non, bien au contraire, j'ai eu plaisir à t'écouter, et me suis émerveillé une fois de plus de ce que Claudel a laissé derrière lui dans ce pays, de ce qu'il y a semé aussi.

Hier soir...



2021/11/21 (日) 13:29


Hilary est sublime, et Salonen joue à domicile. On ne saurait s'arrêter en (si bon) chemin.

Te souviens-tu de notre émerveillement lorsque nous l'avons découverte (en 99, elle avait vingt ans, le temps ne passe pas, il fuse) dans le roi des concertos, celui dont Régis dit que quand tu le joues tu as les couilles dans les chaussettes ?


2021/11/21 (日) 14:16


Oui. Je me suis fait ma petite crise Sibelius – mais le finnois et le kantele le valent bien.


Hors musique, une anecdote dominicale : quand mon père était encore dans les Services, son meilleur ami, un Russe blanc qui travaillait pour l'armée française, avait reçu de moi une demande étrange. J'avais sept ans, et je voulais, va savoir, Moomin en finlandais. Il allait souvent à Helsinki et m'avait ramené trois ou quatre petits livres en finnois. Si pour le yiddish, j'avais ma Librairie du Progrès (mon grand-père, gâteau, m'y passait plus d'un caprice en allant voir son vieux compagnon de misère allemande[6]), pour les Septentrions, il n'y avait que la Librairie Nordique rue des Francs-Bourgeois. J'y découvris – un petit Larousse me l'aurait appris – que Tove Jansson[7] écrivait en suédois. Je me demande si cela n'explique pas ma fascination non seulement pour toutes les langues nordiques – play it again Same compris –, mais aussi pour l'opéra et le chant qui reste un monde de féerie.


Hahn dépasse tout, même si elle a un peu trop enregistré, et seule Isabelle Faust – dans un autre style – la rejoint dans mon panthéon à cette hauteur.




2021/11/21 (日) 15:31


De toi rien ne m'étonne jamais, mais "play it again Same", là tu fais quand même très fort !








[1] François Lachaud fut, de 2011 à 2013, History of art senior fellow à la Smithsonian Institution. [2] Voir Folies françaises 2020, 2020/04/11, 15:33. [3] Ville de la banlieue nord de Helsinki. Sibelius s'y fit construire une maison en bord de lac où il résida de 1904 à sa mort en 1957. [4] Voir Folies françaises 2020, 2020/04/11, 15:33 et 16:04. [5] "Merci des fleurs merveilleuses et cachées qui m'ont permis ce soir de "faire un printemps" comme dit Mme de Sévigné, printemps fluviatile et inoffensif. Grâce à vous, ma chambre noire électrique a eu son printemps d'Extrême-Orient" (lettre à son amie Marie Nordlinger, 1904). [6] Voir Folies françaises 2020, 2020/05/03, 10:36. [7] Autrice finlandaise suédophone de littérature enfantine (1914-2001).

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