2022/05/05 (木) 21:50
Je tombe par hasard sur ce bout d'essai insensé de Ponselle pour la MGM. Quel chien !
Cela m'a incité à aller voir d'un peu plus près cette goddess genre Columbia Pictures. C'est souvent confondant.
Et pour faire bonne mesure, Un bel di dans un acoustique miraculeux de 1919 à 22 ans !
Che bella !
2022/05/09 (月) 8:44
Le frère cadet de mon père avait émigré au Canada, et toute une partie de ma famille proche s'échelonne donc aujourd'hui entre Montréal, Toronto et Los Angeles. Ma cousine favorite, celle de Los Angeles mais qui se définit comme "bicoastal" (LA/NY), est très branchée opéra, elle suit bien sûr de près nos aventures, et elle me parle dans un mail du disque Baritenor de Michael Spyres. Je lui dis donc tout le bien que je pense de ce sympathique et talentueux artiste, et je trouve sur le net ce délicieux récital en duo avec Lawrence Brownlee : ils sont formidablement virtuoses, et très amusants. Je lui en adresse donc quelques extraits, et n'omets pas bien entendu de te les faire partager. Tu m'en diras des nouvelles.
2022/05/09 (月) 10:28
Je connais bien Spyres et je partage ton avis. Il chante dans le coffret Berlioz que je t'avais offert. Au débotté, un prédécesseur ou presque :
2022/05/09 (月) 13:39
Je n'oublie pas, tu l'imagines, que tu m'as offert cette superbe Damnation avec Spyres et DiDonato. Pour le plaisir de réécouter quelques-unes des merveillles empruntées au disque de Spyres auquel ma cousine faisait allusion, je te resers un mien mail de décembre, qui, se situant à une période coincée entre deux de nos livraisons, ne figure dans aucune, ce que je juge un peu勿体ない[1].
2021/12/10 (金) 19:33
Les deux derniers numéros de Diapason délirent sur le disque de ténor barytonnant de Michael Spyres. Je n'oublie pas que tu m'as offert il y a deux ans son superbe Faust de la Damnation avec DiDonato. La qualité du français surprend pour un non-natif et n'est pas indigne de l'inégalable Gedda. Les aigus héroïques de l'artiste sont bien connus :
Les airs de baryton central ou Verdi n'apportent pas de plus-value notable malgré les aigus glorieux, les graves manquant de sonorité sinon de stabilité, mais les helden-tenors chantants (superbe Mariettas Lied...
...et surtout, surtout, Air du Graal dans un français miraculeux qui ressuscite Thill et doit rendre Alagna vert de rage) ravissent,
et l'air de Figaro du Barbier, qui s'adresse pour le coup à un baryton aigu, dégage une réjouissante faconde.
2022/05/09 (月) 14:00
On ne saurait certes passer Spyres sous silence sans injustice. La remarque sur Alagna – une de mes têtes de Turc – est cruelle de vérité.
Voici un autre de mes petits protégés (la vidéo est kitsch mais la voix superbe) :
J'ai passé la semaine à écouter, souvent fort tard, un ensemble d'œuvres straussiennes dirigé par Andris Nelsons où l'on retrouve la virtuose de service pour une belle performance :
2022/05/10 (火) 8:17
Superbe vraiment quel que soit l'idiome concerné, ton dernier petit protégé, et tu as raison, quelle voix ! Belle présence aussi : ils poussent décidément comme bambous après la pluie et on finira pas ne plus savoir où les mettre, les candidats à la succession du Maître sublime : Schuen, Hasselhorn, next ?
2022/05/11 (水) 10:32
La petite Chinoise ne manque de fait ni d'air ni de talent.
Tu n'as pas réagi à Ponselle, qui me paraît assez bluffante. Je ne suis pas sûr (sans parler de la plus-value technique entre le microsillon et les débuts de l'électrique) que Callas, qui l'adulait d'ailleurs, représente vraiment un plus, sans parler de la présence scénique. Je crois surtout qu'on s'imagine redécouvrir l'Amérique à chaque génération.
En prime, un autre miraculeux acoustique de 1919 : une Tosca de 22 ans qui plus est !
Âge d'or.
2022/05/14 (土) 8:31
Berganza nous quitte.
A-t-on jamais aussi bien chanté la zarzuela ?
Et les sept chants populaires de Falla (à 27 ans !) ?
Le charme de cette voix est irrésistible, et aujourd'hui d'autant plus nostalgique. Irremplaçable sans doute. Elle m'a longtemps accompagné. Elle fut mon premier Sesto.
Tristeza.
2022/05/14 (土) 9:23
Je me préparais à te répondre sur Ponselle quand j’ai appris la nouvelle. De la Périchole à Didon et Énée avec son legato hors normes qui ne semblait pas perturbé : formidable !
Son chant transparent venait du pays de féerie. De Moussorgsky à la zarzuela – avec Mozart son meilleur registre.
Je pars pour les recès les plus obscurs de Tsugaru[2], La Combe aux Loups du Japon.
2022/05/15 (日) 7:55
Ce chant, de fait miraculeusement pur de toute aspérité, pour conjurer le péril de ta route.
2022/05/18 (水) 6:51
Il fallait y songer. Invité surprise ? Sans doute pas pour tout le monde. Après Churchill, le voici Chaplin.
Quoi que l'on puisse en penser (et on a le droit d'avoir des arrière-pensées) il ravive un ineffable souvenir.
Es-tu revenu de tes confins terribles ?
Dis m'en un mot.
2022/05/18 (水) 14:27
Je te prépare un compte rendu de mon voyage dans les provinces de la nuit (Hirosaki). Mais, pour aller très vite, ce fut au-delà de mes espérances.
Je ne sais pas pourquoi mais la référence à Apocalypse Now – film-fétiche pour moi – me rend le personnage plus troublant encore. Au fond, l'on pourrait se demander ce que cela dit aussi sur les États-Unis qui ont arrosé d'armes la région non sans quelques précédents :
Effectivement, on peut songer à Chaplin qui, pour le coup, volait à d'autres altitudes. L'absence de tout regard critique sur le nouveau professionnel de la communication peut inquiéter. En tout cas, dans les media, sa victoire en chansons et à l'écran est assurée. Poutine désormais n'a plus beaucoup d'options.
J'écoute Kempff en boucle, qui, avec Cortot, n'a cessé d'émerveiller Brendel "car il savait tout le piano".
2022/05/19 (木) 1:13
Je suis reparti pour une écoute, pas continue mais sérieuse, des deux versions de l'intégrale des 32 par Kempff (Brendel après si je tiens la cadence).
Je ne cesse de penser à cette invocation à voir apparaître un nouveau Chaplin de Zelenski. Le génie de la communication est évident. La superposition avec Coppola reste étrange au-delà de la Palme d'or du montage. Poutine en Kilgore / Kurtz ramène à un troisième C : Conrad et à sa leçon de ténèbres.
2022/05/19 (木) 7:19
Le plus fou des deux Vlad n'est peut-être pas celui qu'on pense (encore que l'autre fasse très fort). I hate actors.
J'en reviens pour ma part aux provinces de la nuit : le vocable fait rêver, et je me réjouis plus que je ne saurais le dire d'en découvrir ta recension.
Et je nous sers en apéritif une inspiration inclassable du Maître de Salzbourg, qui n'a jamais été sans éveiller en moi de secrètes terreurs.
2022/05/19 (木) 10:10
Vive Ben Hecht ! Tout est dans sa formule. L'idée que tout cela soit
« joué » me hante depuis un bon moment. Ton jugement me semble le plus sensé. Repartons vers nos nuits.
Comme un souvenir surgi du passé :
2022/05/19 (木) 19:42
Oui, et joué par un acteur (?) qui faisait littéralement dans la pantalonnade (je te recommande l'extrait édifiant qui suit),
et par un espion de troisième ordre en fin de carrière qui n'avait plus de porte de sortie que la politique locale à Saint-Pétersbourg : on connaît hélas la suite, et son apparemment non résistible ascension. Jusqu'à ce qu'il se casse les dents sur l'Ukraine ? Moët-Hennessy.
Voilà donc d'où venait ce titre magnifique. Je n'ai pas besoin de te dire la jubilation que je viens d'éprouver à me replonger dans cet inoubliable article, à ceci près que s'y ajoute le plaisir succulent de l'un de ces miracles entre nous qui ne nous étonnent même plus : le Monde nouveau de la (sublime) Villa ai Nani, je l'ai vu par le plus grand des hasards à l'occasion d'un séjour à Vicenza il y a trois ou quatre ans, entre Rotonde, Teatro Olimpico et autres merveilles palladiennes, bref pas très loin du paradis... Tu peux imaginer que c'est donc un tout autre regard que je suis amené cette fois à porter sur ton introduction.
2022/05/19 (木) 21:00
Incroyable ! Tu as tout résumé. Le niveau du type est phénoménal, si j'ose dire. Cela en dit long sur la suite.
Pour mon titre, je l'avais chipé à Cormac McCarthy – Child of a God – son livre le plus noir : « Were there darker provinces of night he would have found them. » Rendons aux grands ce que nous leur devons. Sans oublier Tiepolo.
« Je hais les acteurs. » Tu ne pouvais – quoique – deviner que je vénère Ben Hecht. Y compris ses nouvelles. Son titre est un sage principe. Je ne résiste pas à une autre coïncidence :
2022/05/20 (金) 17:16
En tapant à tout hasard "Le spectre de la rose" après avoir visionné le film de Ben Hecht, ce pur miracle inconnu de moi : Stockholm, 1968, live...
2022/05/20 (金) 20:21
C'est sublime. Rien de trop chez un maître qui n'en rajoute pas. Rien de lugubre, de la haute tenue tragique.
Le film de Hecht n'est peut-être pas un chef-d'œuvre mais, comme Simenon, l'homme tenait la distance. C'est en lisant le stakhanoviste belge que Shigeki[3] avait découvert la langue française. Je m'y remets de temps à autre. C'est, pour le coup, lugubre mais rarement décevant.
2022/05/20 (金) 23:02
Pour prolonger le charme ensorcelant des "magische Töne" :
Le plus grand ?
2022/05/21 (土) 0:21
Gedda, grand dans tout. Histoire de ne pas faire que dans l'histrionnisme ukrainien, je me suis visionné après deux disques de Kempff – « le piano était pour lui une harpe d'Éole (Alfred dixit) –, Liverpool-Chelsea en finale de la FA Cup. J'avais dû me contenter du résumé faute de temps. Grand match.
2022/05/22 (日) 7:42
De Maria Bayo, la merveilleuse cantatrice espagnole que je connais par son accompagnateur français. Elle habite en effet à Lyon depuis plusieurs années.
Je lui avais adressé le mail suivant en apprenant la mort de Berganza.
El 14 may 2022, a las 1:47, WASSERMAN MICHEL <wmt02379@ir.ritsumei.ac.jp> escribió:
Chère Maria,
Cela fait bien longtemps, avant le covid, avant l'Ukraine, bref dans le monde d'avant. Je songe à toi ce matin, en apprenant, avec quelle "tristeza" la disparition de Teresa Berganza. Je viens de me repasser, avec quelle émotion, son disque-récital de zarzuela avec Enrique Garcia Asensio, et ses Sept chants populaires de Falla avec Felix Lavilla (à 27 ans!). Et aussi ses deux airs de La Clémence de Titus, un opéra que j'aime particulièrement et qui est, avec mes chanteurs de Kyoto et d'Osaka, mon plus beau souvenir (je te joins le prospectus en fichier joint).
Pensées affectueuses en un triste jour.
Je t'embrasse,
Michel
Et voici ce qu'elle me répond aujourd'hui :
2022/05/21 (土) 18:12
Cher Michel,
Merci pour ton message ,
oui effectivement ,je suis très triste ,en plus Teresa est décédé le vendredi et moi j’avais un concert à chanter le samedi. C’ était très dur elle était une personne très spéciale pour moi, Elle m’a accompagné pendant tout ma carrière.
Merci pour tes pensées affectueuses.
je t’embrasse
María Bayo
Enviado desde mi iPhone
Quelques enregistrements de cette voix tout à la fois pure, capiteuse et fruitée, la gloire de l'Espagne actuelle.
Je l'avais découverte il y a vingt ans dans cette pièce dont j'étais fou, et que je ne cessais de me repasser.
¿Dónde vas con mantón de Manila?
¿Dónde vas con vestido chinés?
A lucirme y a ver la verbena,
y a meterme en la cama después.
¿Y por qué no has venido conmigo,
cuando tanto te lo supliqué?
Porque voy a gastarme en botica
lo que me has hecho tú padecer.
¿Y quién es ese chico tan guapo,
con quién luego la vas a correr?
Un sujeto que tiene vergüenza,
Pundonor… y lo que hay que tener.
¿Y si a mí no me diera la gana
de que fueras del brazo con él?
Pues me iría con él de verbena,
y a los Toros de Carabanchel.
¡Sí, ¿eh!?! - Sí. -¡Sí, ¿eh!?! -Si.
¡Sí, ¿eh?!,Sí
Pues eso ¡ahora mismo
lo vamos a ver!