2022/08/10 (水) 8:23
Me voici de retour pour un an de ma sublime montagne, comme exilé ici-bas. J'y ai passé une partie du séjour à relire pour la énième fois Les Silences du Colonel Bramble [1], mon absolu livre de chevet (avec Eboli [2], mais je l'ai relu beaucoup plus souvent). N'ayant pas ta fabuleuse mémoire, j'ai la chance (?) d'oublier d'une lecture à l'autre, et de m'émerveiller chaque fois de cette atmosphère étincelante de mess d'officiers britanniques, joute éternelle de savoir et d'esprit. Ce n'est je crois qu'à l'avant-dernière lecture que je pris conscience que la fameuse Mistress Finzi-Magrini [3], l'adorée du Colonel Bramble dont les "roulades victorieuses", sinon les "crises de délire particulièrement aigues" font le désespoir des commensaux du Colonel, et que j'avais toujours prise pour une sorte de Castafiore inventée pour les besoins de la cause, est en fait une cantatrice bien réelle dont on retrouve finalement pas mal de choses sur le net (que n'y retrouve-t-on pas ?). Et que de plus elle a tout, virtuosité impressionnante et morbidezza. Tu m'en diras des nouvelles : une candidate à notre statut d'étoile saisonnière ? Ce ne serait pas la moins inattendue !
Je me suis donc amusé à recréer le florilège musical imposé par le Colonel au Docteur, au Major, au Padre et au gentil Aurelle, plongé avec délice dans son observation participative de cet échantillon particulièrement réussi d'humanité.
Deux morceaux seulement sont clairement identifiables : Destiny Waltz et "When irish eyes are smiling".
Pour le reste il faut se contenter du nom des interprètes (le trio des Bing Boys, on se contentera en l'occurrence de deux),
ou du titre de l'oeuvre (The Arcadians, comédie musicale de Lionel Monckton et Howard Talbot, 1909).
Quant au Mikado et à Caruso, ce sont des continents dans lesquels on n'a hélas que l'embarras du choix. Alors, just for the fun...
Ah, j'oubliais que dans une suite, les Discours du Docteur O'Grady, Aurelle passe sur le fameux gramophone, à la grande perplexité de Bramble promu général mais peu féru de musique contemporaine, le Prélude à l'Après-midi d'un Faune.
2022/08/10 (水) 14:41
Je suis pour ma part rentré de Tsugaru ce dimanche après deux matsuri nocturnes à Hirosaki et Goshogawara [4]. J'y ai ajouté quelques visites, dont une galerie d'art exposant des peintures de fantômes. Je suis redescendu de mon nord dimanche juste avant que les orages et les déluges indésirés ne s'abattent sur la région.
Faute de ta compagnie, j'ai profité d'un lien sur BR-Klassik gratuit au début pour suivre, dans ses grands développements, la nouvelle mise en scène du Ring à Bayreuth.
Richard le Noir n'avait sans doute pas songé à créer les lieux pour que l'on y détruise impitoyablement son œuvre. N'y ayant vu jamais vu qu'un Lohengrin potable mais génialement mis en scène et un bout d'Anneau signé Castorf avec Arafat et le Che avant de passer à Barenboïm et Stemme, je pense tout de même que, cette fois-ci, de nouvelles bornes de nullité ont été franchies. Les beckettiens savent que le pire est toujours à venir.
Wotan et Alberich jumeaux, force téléphones portables, appels féministes (une nouvelle cause du festival désormais impliqué dans la lutte contre le sexisme), abus sexuels d'enfants, accouchement et inévitables viols sur scène dans le hic et nunc, je t'épargne le reste. Malgré tout Davidsen en Sieglinde et Zeppenfeld en Hunding (mais aussi en Marke remarquable dans le Tristan toujours accessible en version sonore) ont réussi à traverser ces océans de médiocrité en triomphateurs.
Je me suis écouté, toujours partiellement, la Walkyrie dirigée par Klobucar pour me remettre.
Tu peux parcourir ces étendues noires au galop de Grane, mais une simple lecture des distributions suffit pour frémir et se défier du culte du progrès. En un sens, pourquoi continuer ces mascarades alors qu'il y a tant à voir et à entendre surtout ? Nos folies l'emportent de très loin sur leurs horreurs.
J'écoute tes merveilles ce soir.
2022/08/10 (水) 17:28
Je reste de fait stupide devant la distrib de 65. Un autre monde.
Alors, juste pour le plaisir, sinon s'agissant de la grande Birgit for the fun !
2022/08/10 (水) 19:04
Je m'en doutais. Tes trouvailles sont épatantes.
Je ne connaissais pas cette Giuseppina de toute beauté.
Quant aux grandes orgues, elles laissent méditer sur la notion de progrès.
Je ne crois pas que Salzbourg ait jamais cultivé le sabotage à ce degré. J'avais eu le droit samedi à Katharina Wagner [5] sur le Ring, me too et le fait qu'un amateur qui vient à Bayreuth doit sortir bousculé dans ses certitudes, forcément bourgeoises. Le commentateur teuton lui ne voyait que le ratage.
Se faire délester d'un bon paquet d'euros pour ça...
Enfin cela m'a occupé un peu. Sinon du Moby-Dick et quelques fantômes.
2022/08/11 (木) 6:39
Au fond, un Ring ni plus ni moins chahuté que celui du centenaire. En bonne logique il devrait donc devenir culte...
Je trouve ceci dans un courrier de lecteurs :
I can see Katharina being part of the problem. She has seen it all and wants something different. Also she is not exactly the brightest candle on the chandelier.
Opera stage direction is in a deep crisis, mainly because most directors de jour are not passionate about the art form, only eager for their narcissistic gratification, hijacking creations of others.
Air connu, hélas.
La grande Dernesch dans un répertoire dans lequel on ne l'attendrait pas obligatoirement.
La version Rétoré au TEP en 69-70 est un souvenir particulièrement cher, quasi comme une seconde Vie Parisienne [6].
2022/08/11 (木) 13:37
Pour moi, le Ring de Solti, reçu en cadeau un volet après l'autre, reste une madeleine, ou plutôt une Schwarzwälder Kirschtorte, qui me ramène aux sortilèges de l'adolescence. Même si l'écouter de bout en bout en quatre soirs m'est devenu impossible, j'y trouve toujours des recoins secrets et des chemins qui m'ont mené au Freischütz, à Strauss, au vieux-norrois, à Lévi-Strauss – le seul intellectuel estampillé French Theory que j'ai eu le privilège de rencontrer et qui m'a écrit –. Ce dernier disait que Wagner était le véritable pionnier de la méthode structurale bien comprise.
La musique de Kurt Weill m'enchante et, elle aussi, ouvre bien des portes. Je ne connaissais pas Barrier dans ce génial Villon.
P.-S. Je serai à Chûzenji la semaine prochaine deux nuits. J'y continuerai La Montagne Magique. C'est mon Colonel Bramble perpétuel. J'emporterai aussi une petite édition allemande, bref l'un des trois tout petits volumes qui permet de prendre la chose en cours de lecture, histoire de faire chic.
2022/08/12 (金) 6:13
Toute la distrib du Weill de Rétoré était à tomber, à commencer par Maurice Barrier.
L'extraordinaire dans cette Ballade des Pendus est que Brecht avait respecté la prosodie française, et que l'on peut donc miraculeusement -et paradoxalement !- retourner en traduction à l'original.
Deux spectacles musicaux m'ont marqué au fer rouge autour de mes vingt ans : celui-ci, et une Histoire du Soldat montée avec Jean Babilée au Théâtre de la Tempête.
Je les ai portés avec moi toute ma vie, et monté (et récité) l'Histoire du Soldat à plusieurs reprises, une expérience enivrante.
Ça va bien pour le moment
Mais le royaume n'est pas tant grand
Qui les limites franchira
En mon pouvoir retombera
Ne poussez pas plus loin qu'il est permis
Sans quoi Madame sera forcée de se remettre au lit
Et quant au prince son époux
Qu'il sache qu'à présent ma patience est à bout
On le mènera droit en bas
Où tout vivant il rôtira
Et surtout
On ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était
On n'a pas le droit de tout avoir, c'est défendu
Un bonheur est tout le bonheur
Deux, c'est comme s'ils n'existaient plus
Les deux Suites d'orchestre font partie de ma playlist interne.
2022/08/12 (金) 16:19
Je te parlerai plus tard du miracle esthétique et cinématographique sur lequel je suis tombé, Il est indirectement lié à nos folies.
Un souvenir lié à Brecht, Villon et Weill : sais-tu que cet extrait est aussi l'épigraphe de In Cold Blood de Truman Capote ? Autre chef-d'œuvre.
2022/08/12 (金) 19:12
Play it again Same. Hier soir, Vaikoinen peura (Le Renne blanc), 1952. Révélation esthétique pure. Simple et sublime.
2022/08/13 (土) 6:21
Simple et sublime, tu l'as dit. Et blanc sur blanc.
De mon côté un ineffable cadeau : puisque tu as mis le doigt sur la plaie, l'intégrale du légendaire Dreigroschenoper de la grande Lotte et de Brückner-Rüggeberg (1958). Pour l'éternité.
Ouvertüre
Die Moritat von Mackie Messer
Der Morgenchoral des Peachum
Anstatt dass-Song
Hochzeitlied für armere Leute
Kanonnensong
Liebeslied
Barbara-Song
Die Unsicherheit menschlicher Verhältnisse
Der Pferdestall
Pollys Abschiedslied
Zwischenspiel
Die Ballade von der sexuellen Hörigkeit
Die Seeraüber-Jenny
Die Zuhälterballade
Die Ballade von angenehmen Leben
Das Eifersuchtsduett
Kampf um das Eigentum
Ballade über die Frage "Wovon lebt der Mensch?"
Das Lied von des Unzulänglichkeit
Salomon-Song
Ruf aus der Gruft
Ballade in der Macheath jedermann abbite leistet
Der reitende Bote
Dreigroschen-finale
Strophen der Moritat
Enfin, pour aviver encore la nostalgie si besoin était.
2022/08/13 (土) 9:25
Tu me gâtes. Cela va enchanter mon dimanche. Lotte Lenya, son seul nom me fait rêver.
Ou bien encore l'écouter sur notre Zauberberg ? Pourquoi pas ?
2022/08/13 (土) 12:06
Ou la découvrir sous un jour moins connu :
2022/08/13 (土) 18:17
L'étrange film finnois fut présenté à Cannes en 1952. La fin est convenue mais cela m'a « enchanté ». La photographie et la bande-son de l'ouverture et de la fin sont très réussies. Je t'avouerai avoir un faible pour ce pays depuis ma lointaine lecture du Kalevala et notre cher Sibelius.
Étudiant outre-Manche, je me souviens d'un professeur, ancien élève de Tolkien, qui parlait du regret de ce dernier de n'avoir jamais pu, sinon livresquement, maîtriser la langue finnoise ni, par conséquence, celles des Sames que j'ai connu Lapons.
2022/08/14 (日) 6:17
Difficile d'enchaîner sur pareil opéra instrumental, et pareil romantisme échevelé. N'osant Tchaïkovsky ni Strauss, ni même la Fantastique, peut–être ceci que nous n'avons encore jamais abordé.
Bruno [7] et Heisser dans la transcription de Liszt pour alto et piano à ALTI [8] dans un autre siècle est un souvenir impérissable.
2022/08/14 (日) 10:48
Sibelius se guérit du « wagnérisme » par Berlioz et Liszt.
Et sans doute avec Tchaikovsky...
2022/08/14 (日) 11:34
Je vois que tu as plus de courage que moi, et que tu n'hésites ni devant Tchaîkowsky ni devant la Fantastique. Avant de me jeter sur ces 大好物 [9] qui vont illuminer mon dimanche, deux choses s'agissant de ton mail précédent (et du mien)
1- J'ai veillé un peu tard pour voir les Blacks triompher avec la manière des Boks.
De mon côté, le PSG ayant gagné son match la journée commence bien. Rien à faire, je suis incorrigible.
2- Bruno et Heisser dans la transcription de Harold par Liszt pour alto et piano à ALTI dans un autre siècle est un souvenir impérissable.
S'agissant de Bruno, le plus émouvant était bien entendu de le réunir en concert à Régis en marge de l'Académie. Nous y parvînmes deux fois : en duo à 京都府立文化芸術会館 [10], notamment pour cet admirable Mozart,
et puis bien entendu, pour les dix ans de la manifestation, dans la merveilleuse Concertante avec l'Orchestre de Kyoto.
Souvenirs...
Et sur ce, je me jette goulûment sur la merveille-du-jour.
2022/08/14 (日) 11:47
Je vais écouter ces délicieux extraits à la pause déjeuner.
Le but de Messi l'autre jour ! La déchéance inexorable de United ne me déplaît pas. Les Boks n'ont jamais changé de style. Les Blacks ont joué sur la vitesse. L'arbitre a fait le reste. Dans ce grand combat perpétuel des XV du Sud, ce fut un bon cru.
2022/08/15 (月) 6:38
Oui, le but de Messi, tu l'as dit. Mettons-le au chaud pour l'Histoire.
J'ai passé grâce à toi une après-midi merveilleuse : avec Hilary bien sûr, vingt ans après que nous l'ayons découverte toute jeune dans cet à jamais inoubliable enregistrement du roi des concertos avec Zinman. Avec aussi la délicieuse flûtiste du Philhar, Magali Mosnier, qui illuminait l'autre jour le Faune.
À l'entracte que je me suis ménagé entre les deux copieux programmes, j'ai tenté sans succès de retrouver dans ma doc le chirashi [11] d'un concert de l'Académie [12] de 1999, mais ce n'est pas grave : c'est encore une belle histoire japonaise que je m'en vais te raconter, et qui est directement liée à la Concertante des frères Pasquier dont je t'ai adressé hier le mouvement lent. Quand nous avons inauguré l'Académie en 90, au bout de deux ans Inoue [13] (il dirigeait alors l'Orchestre de Kyoto [14] ), que je connaissais peu jusqu'alors et que je trouvais surtout très imbu de lui-même, prit contact pour nous demander de détacher chaque année l'un de nos profs comme soliste du concert mensuel d'abonnement de l'orchestre, concomitant à la période du stage d'interprétation. Au début je n'étais pas chaud, craignant que cela crée des problèmes au sein du corps professoral : programmer le concert d'ensemble qu'ils donnaient à la fin de l'Académie après l'avoir préparé pendant le stage et répétaient ensuite à Tokyo, Osaka et dans deux autres grandes villes de province, constituait déjà un exercice de diplomatie culturelle qui suffisait à mon bonheur. Bref je finis par accepter, mais en demandant pour apaiser les jalousies éventuelles que l'on utilise si possible plusieurs de nos solistes, c'est ainsi que nous commençâmes en 92 avec le Triple de Beethoven. La chose devint rituelle (avec chaque année un ou deux de nos artistes), et du coup je devins moi-même très copain avec Inoue, enfin autant qu'on peut l'être avec pareil personnage. En 99, nous fêtâmes le dixième anniversaire de la manifestation, et je persuadai Ôtomo [15], qui avait entre-temps succédé au chauve sublime, de programmer un concert Mozart exceptionnel avec cinq de nos musiciens, probablement en réduisant les cachets que nous demandions pour eux. J'étais très fier du programme que je concoctai. Cela commençait sans doute avec une ouverture, probablement celle des Noces (c'est pourquoi je cherchai ce matin en vain dans ma doc), après quoi nous donnions le concerto pour deux pianos K365 avec Ivaldi et Pludermacher, puis Agnès Mellon chantait en fin de première partie Ch'io mi scordi di te, l'air de concert avec obbligato de piano K505, accompagnée par Ivaldi et l'orchestre.
Au début de la seconde partie, elle chantait à l'accompagnement obbligato de Régis l'air (ajouté à l'occasion d'une reprise d'Idoménée) Non temer amato bene K490 que Mozart composa sur les mêmes paroles,
après quoi Régis et Bruno jouaient la Concertante, et le concert se concluait, anniversaire de l'Académie de musique française de Kyoto oblige, sur la Symphonie parisienne K297. Que croyez-vous qu'il arriva ? Il me revint quelques jours plus tard que la manifestation avait engendré des remous dans l'orchestre, les musiciens s'étant sentis, c'est le cas de le dire, instrumentalisés, considérant qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de briller en tant que formation orchestrale comme il seyait lors d'un concert d'abonnement... À quoi ça sert que Ducros il se décarcasse !
Je t'embrasse (ça rime).
2022/08/16 (火) 0:54
J'ai été un peu écrasé par le charme de ces anecdotes musicales et par les extraits. Il en fallait de la passion pour survivre à ces égos !
Je me prends à rêver d'un vol Paris via Helsinki– je dois rentrer pour une exposition et mes devoirs familiaux négligés l'automne dernier – , ce qui me permettrait de revoir le lac de Tuusula et de visiter Ainola [16] où tu t'es peut-être déjà rendu. Je n'ai pas écouté grand'chose aujourd'hui, sinon un disque envoûtant et en terrain vocalement admiré de nous :
2022/08/16 (火) 8:56
Sans ego ils ne seraient pas parvenus là où ils étaient. Et c'était la moindre des choses que de chercher à respecter autant que possible l'égalité des apparitions dans les pièces qui composaient le concert d'ensemble. Certains y étaient plus attentifs que d'autres, il est vrai qu'après Kyoto ils s'en allaient répéter le programme dans les grandes salles de musique de chambre (Tokyo Bunka Kaikan Recital hall, Izumi Hall [17]) d'un pays musicalement émergent en passe de devenir un énorme marché pour le classique. Ils ne chômaient pas d'ailleurs : cinq à six heures de leçons par jour, et le concert final à préparer. Et pour quels élèves dans certaines disciplines, le piano et le violon surtout, à commencer par la divine Mie Kobayashi (elle était dans la classe de Doukan), qui nous ramena la première année le premier Prix Jacques Thibaud de l'histoire du Japon, je ne te dis pas sur quel petit nuage nous étions !
Mais l'atmosphère était joyeuse le soir au Foujita, où Monsieur Nomura [18] leur préparait pour mille yens un repas copieux et largement arrosé. Les plaisanteries fusaient. Pierlot est l'un des hommes les plus drôles que j'ai connus. Il avait une technique de blagues à double détente, qui te prenaient au sommet du premier rire et litttéralement te tuaient au second. Et il avait un esprit de répartie du diable : à un chef dont je tairai charitablement le nom qui se vantait de les diriger avec la baguette de Charles Munch, il avait balancé : "Dommage qu'il t'ait pas laissé le bras !". Et un jour qu'il me détaillait complaisamment le répertoire des méfaits musicaux auxquels il s'était livré toute sa vie dans la fosse de l'Opéra (du genre : jouer la Marseillaise pendant le Prélude de Carmen, il paraît que ça marche parfaitement), j'avais cru pouvoir faire le malin en lui disant qu'en se livrant à de telles facéties il avait dû rater quelques entrées. Il m'avait alors rétorqué du haut de ses soixante-dix berges : "Écoute mon petit bonhomme : des entrées j'en ai raté quelques-unes, mais y'a un truc que j'ai jamais raté c'est la sortie" !
Je ne suis jamais allé en Finlande. De la Scandinavie je ne connais que la Suède, où je suis notamment allé ramasser la doc sur L'Homme et son désir au Dansmuseet [19], impérissable souvenir. Mais j'ai passé des nuits (en fragmentant, je te rassure !) à suivre le soleil de minuit sur le Hurtigruten, l'express côtier de Norvège, dont les 134 heures de Bergen à Kirkenes par les Lofoten étaient sur le net : je crois que cela figure au Guinness Book au titre de plus longue émission de télévision de l'Histoire. Il en reste un accéléré en 37 minutes (!) qui vaut tout de même le déplacement. Geiranger [20] est à 6'20" et le Trollfjorden à 22'20". Enjoy !
2022/08/16 (火) 10:15
Le concerto de Bellini est merveilleux. Et je me souvenais par toi de la répartie de Pierlot. Quant au hautbois – plus longtemps que le basson mais avec une égale passion – j'ai supplié mes parents et ma prof de musique mais en vain. Ce fut piano et clavecin et pour finir des connaissances théoriques.
Je me souvenais de ton séjour à Stockholm, mais tu aurais pu visiter les voisins qui parlent aussi suédois. Le lieu préféré de mes modestes visites scandinaves reste :
Extrait d'un disque dont je ne me suis jamais lassé :
2022/08/16 (火) 12:07
Superbe. Et agréable diversion aux deux sempiternels porte-bulbes du Lac Onega.
De mon côté j'ai une passion pour cet inimaginable paysage de Senja, une île au nord des Lofoten.
Je ne parvenais pas à entrer sur ton lien, réservé à je ne sais quels Music premium members....
Je suis donc allé voir chez Salonen. L'oeuvre, que je ne connaissais pas, est superbe, un festival de couleurs.
Drôle, ce pays qui produit des chefs d'orchestre comme champignons après la pluie. C'est vrai que Sibelius leur a laissé de quoi diriger !
On y produit des basses aussi, apparemment...
2022/08/16 (火) 16:27
Quels paysages ! Demain ce sera Chûzenji.
Je ne puis que me faire la même remarque pour les chefs d'orchestre : c'est un défilé ininterrompu et, qui plus est avec des talents rares. J'avoue un faible pour Santtu-Mattias Rouvali, mais la sonorité de son nom y est sans doute pour beaucoup. Ajoutons, en plus jeune, Mäkelä et une garde de talents non moins grands dans laquelle Esa-Pekka Salonen semblerait presque chenu : ce miracle doit bien avoir quelque explication. Je suppose que, comme au Japon, on fait encore cas de l'éducation musicale en Finlande. La tradition des grands chœurs d'amateurs y est aussi très marquée. Là aussi un pays bilingue (finnois-suédois), voire trilingue (russe), et quadrilingue comme tout le monde (anglais) doit tout de même prédisposer à un je-ne-sais quoi de musical.
Quant aux basses – parmi les meilleures, souvent "au-dessus" des Teutons et des Russes – il doit bien y avoir un mystère comme pour les voix bulgares d'antan.
Martti Talvela mérite tous les éloges et il a joué les plus grands rôles. Sans revenir, encore que la chose ne soit en rien défendue, à notre Borg, on peut aussi ajouter Salminen au Gotha des hérauts à la voie profonde :
La prise de son n'est pas parfaite, mais dans ce rôle inhabituel, l'ami Matti n'est pas mal. Je ne sais pas si tu peux voir ceci :
J'en remets une couche :
Dans ton extrait, sur les "trois basses" deux noms ne me sont pas familiers.
J'ai cherché à Johann Tilli et je tombe sur ceci avec Furlanetto :
Bon début.
Histoire de ne pas finir avec les seuls Finnois :
Doucement les basses.
Je t'embrasse (ça rime aussi).
2022/08/17 (水) 0:44
J'ai fait, entre deux pages d'écriture, quelques recherches.
Cette interview devrait te plaire :
Les anecdotes et les références font le charme de nos divagations.
En voiture, Simon :
2022/08/17 (水) 6:14
Merci pour ce superbe article, la chute est formidable et l'anecdote de la mort de Moussorgsky fait froid dans le dos.
S'agissant de nos basses finnoises, Salminen est tel qu'en lui-même, mais Ryhänen une vraie révélation. Le type a tout.
Bon séjour dans notre paradis.
2022/08/17 (水) 13:39
J’attends le bus pour monter au Lac. J’ai écouté les extraits dans le train. Formidable ! Je ne peux être sûr quant aux héritages folkloriques, mais l’habitude de manier au moins trois langues doit aider. L’articulation est impeccable.
Le festival d’opéra où l’on peut entendre la Flûte en finnois fait plus envie que Chez Katharina.
2022/08/17 (水) 14:51
N'est-ce pas ? Je considère Ryhänen comme une révélation de première grandeur.
Ce type a quelque chose à voir avec la perfection, à commencer par le genre d'air où tu ne peux te cacher nulle part.
Le festival d’opéra où l’on peut entendre la Flûte en finnois fait plus envie que Chez Katharina.
Certes, et de toute façon la plus immortelle des Flûtes est en suédois que je sache...
Je crains que tu n'aies la pluie là-haut, mais apparemment ça s'arrange à partir de demain après-midi.
Quoi qu'il en soit je t'envie d'y être. Où que l'on soit, on ne peut que se sentir exilé de ce lieu magique.
*
2022/08/22 (月) 4:23
Une journée qui commence bien.
Down from paradise ?
INCROYABLE, MBAPPÉ MARQUE APRÈS QUELQUES SECONDES !! 0-1 POUR PARIS !!!
Quelle sensation à Pierre-Mauroy, où Paris sur l'engagement ouvre déjà le score !!! Après quatre passes, Messi lance par-dessus la défense centrale Mbappé dans la profondeur. L'attaquant devance la sortie de Jardim et le lobe parfaitement !! Buteur après seulement huit secondes de jeu, Kylian Mbappé égale le record du but le plus rapide en Ligue 1 (Michel Rio en février 1992).
2022/08/22 (月) 4:47
Et pour l'Histoire.
2022/08/22 (月) 11:07
J’attends cette nuit en espérant que Liverpool triomphe de United.
Je finis un travail avant de te livrer mes impressions de Chûzenji et de ma rencontre, amicale, avec un ours à Senjôgahara [21].
2022/08/22 (月) 12:03
Je frémis d'impatience de te lire, n'ayant pas encore eu l'heur (?) d'une telle rencontre dans ces lieux pourtant si souvent arpentés.
2022/08/22 (月) 13:32
La conférence qui me valait une invitation de deux nuits à Chûzenji s'est assez bien passée. Elle me servait à roder la préface du catalogue sur l'animal dans l'art japonais, mais aussi à parler du folklore de l'ours et du loup en lien avec ma traduction à venir du Tōno monogatari [22]. Ces parterres de vieilles dames aisées, presque d'oligarques, me conviennent très bien. Le loup a été exterminé mais est encore vénéré, y compris sur certaines amulettes vues aux alentours sur le seuil des maisons et qui proviennent de Mitsumine et Musashi-Mitake [23]. L'ours est présent partout mais tu ne trouveras jamais aucun sanctuaire qui le représente. Il est pourtant vénéré chez les Aïnous et dans toute l'Eurasie, mais je ne connais guère que les matagi d'Akita [24] pour lui rendre un quelconque hommage.
J'étais logé juste au-dessus de la résidence française.
En allant à la Lande des Batailles, j'ai aperçu d'assez loin, puis de plus près – j'ai des jumelles le plus souvent, mais pas cette fois-ci d'où mon insouciance – un ours noir du type que l'on croise dans la montagne près de Kyoto, peu soucieux de quitter les planches. J'ai fait un peu de bruit avec mes pieds, d'autres personnes revenaient des lieux en travaux. Le plantigrade est parti, goguenard, comme s'il savait que j'avais parlé de lui.
J'ai, pour finir, renoncé au mont Nantai en me promettant d'y aller la fois suivante. Il faut perdre quelques kilos et s'affûter un peu. Je me rôderai à Hayachine [25]. Le temps du premier jour, maussade, dérobait tout à la vue, mais le ciel dégagé du lendemain m'a fait regretter mon manque d'audace et de condition physique. J'ai grimpé une bonne heure puis suis redescendu. Je me suis consolé avec les cascades de Ryûzu [26].
2022/08/23 (火) 6:32
L'ours ayant quitté la place, nous ne saurons donc pas s'il eût dansé sur cette délicieuse musique.
Je suis mi-jaloux, mi-effrayé de ce que je lis sous ta plume. Je ne connais que trop bien en effet le lieu que tu décris, et qui est surtout pour moi la scène immuable, et constamment paradisiaque, d'un ineffable échange dans le silence ambiant de bouscarles chanteuses (uguisu), souvent accompagnées dans le lointain du cri d'un coucou.
Et on sait l'adorable galimatias que ladite bouscarle inspira à celui de nos maîtres modernes qui faisait parler les oiseaux.
https://www.youtube.com/watch?v=SOaqOcwhxjQ Quant au Mont Nantai, tu en as donc grimpé l'équivalent d'une bonne heure. Peut-être étais-je allé un poil plus haut moi-même il y a une douzaine d'années. De toute façon j'avais déjà dix ans et dix kilos de trop, j'avais d'ailleurs commencé à monter trop tard, sans doute vers onze heures du matin (on ne te laisse pas partir au delà de midi, la montée au sommet et la redescente prenant en moyenne sept heures), je commençais à avoir mal aux jambes et le souffle court, et j'ai en fait été soulagé d'avoir un prétexte pour renoncer à cause d'une pluie soudaine (le temps change quinze fois par jour autour de ce vaste lac de montagne qui rapetisse d'ailleurs à mesure que l'on grimpe). Mais il y avait autour de moi des petits vieux qui revenaient déjà guillerets du sommet. Il y a d'ailleurs au Futarasan-jinja [27] un tableau d'honneur des rois de la grimpette : le champion toutes catégories l'a gravi... 1223 fois (!), et (je ne crois d'ailleurs pas que ce soit le même), le record sur un jour est de huit aller-retours !!! Ça laisse de la marge...
2022/08/23 (火) 10:50
La bête donne un choc, mais j'étais loin – on donne toujours l'impression d'être plus près quand on le raconte – et je ne me trouvais pas presque nez à nez comme cela avait pu m'arriver dans les bois entre Kurama et Kibune [28]. Il n'y a pas de quoi être jaloux. Et je n'ai pas dansé non plus.
Quant aux adorables uguisu, ils me dédommagent de mon ascension ratée. On peut, m'a-t-on dit, voir aussi des kamoshika [29]. En tout cas, cela m'a enchanté.
2022/08/24 (水) 6:41
Du musicologue Jacques Amblard :
Dès l’amorce des « Oiseaux de Karuizawa » (Sept Haïkaï, 1962, VI), l’uguisu est une batterie de bois et une tonitruante trompette synchrones.
Quant aux tutti d’oiseaux, ils culminent sans doute, en fait de vivacité instrumentale, durant le « Prêche aux oiseaux » de l’opéra Saint François d’Assise.
Heureux homme.
2022/08/24 (水) 19:50
Il doit y avoir quelque sortilège étrange chez Messiaen que je trouve, presque toujours, admirable.
L'une de nos admirations communes me fait découvrir ce compositeur, y compris dans cette langue à qui je dois beaucoup, presque tout en fait :
2022/08/25 (木) 6:51
J'aime aussi ces mélodies naïves en quoi semble se résumer l'âme d'un peuple, chaque nation sans doute a la sienne, en voici de deux pays que nous connaissons un peu moins mal que les autres.
2022/08/25 (木) 16:58
Mélodies simples et sereines.
Si Víkingur Ólafsson, Viking fils Ólaf comme traduit mon collègue et ami François-Xavier Dillmann, venait au Japon, je ferais tout pour y aller – et avec toi autant que possible –, tant j'aime son approche et son toucher.
D'un Ólaf l'autre. Grieg voulait faire un opéra d'Ólaf fils Trygvi, dont la saga traduite par François-Xavier Dillmann [30] a fait mon bonheur bilingue tout l'été (mille pages de notes !). Il mérite cet hommage :
Et, par un retour par l'Islande ou mourut l'auteur de ladite vie de Saint Ólaf, Grieg encore :
2022/08/26 (金) 11:37
Les fragments lyriques de Grieg sont superbes, et ne peuvent que faire regretter que l'oeuvre ne soit pas parvenue à complétion. La bien prénommée Solveig Kringelborn est délicieuse aussi dans le cycle a posteriori des Six mélodies avec orchestre, dont deux ou trois tubes immortels, et d'où se dégage cette étrange et douce mélancolie si propre apparemment à l'âme scandinave.
2022/08/27 (土) 6:34
Solveig chante vraiment bien, et pas seulement Grieg !
Et son duo du II de Lohengrin avec la grande Waltraud, Mein Gott !
Heil dir, Sonne !
2022/08/28 (日) 10:23
Quelle belle voix !
Je lisais hier soir que Sibelius, après le coup de l’Exposition universelle de 1900 [3 1], aurait été boudé par le public français jusqu'aux années 1970. Peut-être en sais-tu plus.
2022/08/28 (日) 15:24
Elle chante décidément merveilleusement, et l'oeuvre est magnifique. Le sobriquet d' "éternel vieillard" et de "plus mauvais compositeur du monde " que lui décerna charitablement Leibowitz dans les années cinquante a sans doute peu aidé en France à la réception de Sibelius, qui de fait avait alors cessé de composer depuis bien des années et semblait une survivance rancie du passé. La récupération par les Nazis, qui y voyaient dans le traitement des mythes une sorte de Wagner nordique, n'a pas aidé, non plus que les molles protestations de l'intéressé.
2022/08/29 (月) 9:48
Un petit livre sur Mann mentionne la remarque suivante : pour lui si Wagner incarne le génie allemand incompris par Hitler, Sibelius est un compositeur hitlérien par excellence.
Reste l'œuvre. La désaffection française, me suis-je laissé dire, n'est rien par rapport à celle subie en Allemagne.
Pour ma part, je crois que, comme Grieg, le wagnérisme était trop pour lui. Seul Richard Strauss a su surmonter l'écueil lyrique et composer les plus beaux opéras depuis Mozart.
2022/08/29 (月) 11:41
De Tom Service dans le Guardian, 21 mai 2010 :
"There's enormous prejudice against Sibelius in Germany after Theodor Adorno's demolition of him : "If Sibelius is good, this invalidates the standards of musical quality that have persisted from Bach to Schoenberg", an assessment followed by generations of critics and writers including René Leibowitz, who called Sibelius "the worst composer in the world". [...} Rattle told me that when he arrived in 2002 and outlined his plans to play all of Sibelius's symphonies to the orchestral committee, the response was derisive laughter".
Adorno associait par ailleurs la musique de Sibelius à l’idéologie national-socialiste, et laissait entendre que le compositeur lui-même était un sympathisant nazi. Dans un pays légitimement aussi sensible que l'Allemagne d'après-guerre à une telle suspicion, on peut comprendre que ceci charge encore sérieusement la barque. Serions-nous Finlandais, je ne sais trop d'ailleurs ce que nous penserions du personnage.
Sur la question, cette autre contribution :
Reste la musique, souvent somptueuse.
J'éprouve une passion coupable pour l'andantino de la Troisième,
et, toute honte bue, et Leibowitz peut bien se retourner dans sa tombe, pour la Valse triste.
2022/08/29 (月) 12:12
Je ne crois pas que Sibelius ait été un nazi à la Céline, mais plutôt un opportuniste. Thomas Mann juge convenable d'écrire "compositeur nazi" et "musique nazie", si j'ose dire, par essence. Je ne partage pas son avis.
Je dois encore m'appuyer quelques écritures avant de partir à Shiretoko [3 2].
2022/08/29 (月) 23:42
Krause ! Quel bonheur et quelle succulente madeleine, c'est vrai qu'il était finlandais lui aussi, mais son nom n'y paraissait guère, et il chantait avec tant de versatilité dans toutes les langues, et dans des distributions si mondialisées qu'on en oubliait sa nationalité ! Pas sûr d'ailleurs que Philippe II, où je le retrouve avec étonnement après toutes ces années (et en Finlande d'ailleurs, sans doute en fin de carrière...), ait trop été dans la zone de confort de ce superbe baryton à la voix certes noire, un peu comme d'un Bastianini. Son Comte des Noces était proverbial :
Et quel air de Valentin : quand tu penses que ce joyau n'a pas été donné à Garnier jusqu'au Faust de Lavelli, si ma mémoire ne me fait pas défaut, sous prétexte qu'il s'agissait d'une addition à la version originale : jusqu'où le purisme ne va pas se nicher ! Aujourd'hui, je suppose que le poulailler (ou ce qu'il en reste à Bastille...) se lèverait pour l'exiger !
Borg est tel qu'en lui-même, sublime.
Shiretoko ? Encore un effort, et tu finiras au goulag à Shikotan ou à Kunashiri [33] !
2022/08/30 (火) 0:51
De fait Krause est aussi un bon client. Surtout dans ce que tu envoies.
Borg est grandiose, presque surnaturel d'aisance et d'émotion, dans tout. Je trouve ce récital :
Je te rassure, je n'irai pas jusqu'aux Kouriles. J'éviterai aussi les virées en mer [34]. Et les combats à main nues contre les ours, même pour nous ramener du saumon.
Je me souviens de ce chalet-restaurant à Marutamachi [35] où on servait ours en sashimi, sangliers et autres hôtes des bois. L'équipe de Chirac était venue tester avec moi en prévision de la venue du grand chef, mais l'écologie et la guerre d'Irak eurent raison du déplacement. J'en resterai au Freischütz en disque. Et au salmis de palombes.
2022/08/30 (火) 6:29
Tu as raison, Borg est superbe, et quelle versatilité là encore dans ce programme d'une originalité insensée. À ce niveau de qualité de récital pour voix de basse, je ne peux décidément penser, certes dans un tout autre genre, qu'à un enregistrement que je ne cessai de me passer pendant les années de l'Institut, et qui me guérit (un temps) de la passion exclusive que je vouais à DFD depuis l'adolescence : les "arie antiche italiane" enregistrés par Pinza en 40, dans un studio sans écho qui donne l'impression que le type est dans la pièce. À quarante-huit ans, sa voix sans doute trop fréquemment sollicitée a prématurément perdu de son éclat, mais précisément cette sorte de cendre qui s'y est déposée donne à l'ensemble le caractère comme crépusculaire d'une confidence murmurée. Un disque unique.
2022/08/31 (水) 15:37
Forever Pinza. Tu dois te souvenir de l'interview de Talvela :
He also began collecting Ezio Pinza recordings, and he says, “I listened to those records every single day. So; I can really say that Pinza was my first teacher.”
Un fondu suédois poste des trucs fantastiques :
J'avais une passion délirante pour Leon Redbone que je n'ai pu voir en concert qu'à Alexandria où il n'était plus au mieux de sa forme. Mais, ce petit documentaire te donnera une idée.
2022/08/31 (水) 19:02
Tout cela est délicieux. Je me suis toutefois interrogé sur le pseudo que se donne ton fondu, qui nous dirige sur une illustre basse allemande vers laquelle nos divagations ne nous avaient pas encore conduite :
un Kaspar du Freischütz comme tu les aimes,
un bourgmestre du Zar und Zimmermann d'anthologie,
et un Henri l'Oiseleur qui nous vaut d'admirer de près, avec la reconnaissance qu'inspire pareil stoïcisme, comment Windgassen négocie son Lohengrin chambriste, un jour où lui non plus n'était d'ailleurs peut-être pas au sommet de sa forme.
2022/08/31 (水) 23:11
P.S. J'avais trouvé l'Ortrud de l'enregistrement remarquable dans les brèves et ultimes éructations du personnage (24'48-26'02). Pas grand chose hélas de cette Isabell Strauss (qui fut la Marie du Wozzeck de Boulez à Paris) sur la toile : une vidéo intégrale de Tiefland avec Schock que je garderai pour les soirées d'hiver,
et, l'année précédant le Lohengrin, des extraits de Parsifal dans la même configuration (concert à la radio française avec Windgassen et Frick) :
Sa vie fut un opéra : elle se double-suicida dans la forêt bernoise avec le chef qui venait de la diriger dans le Crépuscule des Dieux.
2022/09/01 (木) 0:47
Ce Kaspar ferait frémir d'autres que moi. L'articulation est parfaite, sinistre à souhait. Windgassen ne fait pas honte mais la déconcertante puissance de son partenaire est incroyable. Beau pseudonyme pour cet amateur suédois.
Comme toujours les distributions font pâlir. Que dire du double suicide wagnérien ? Sur Isabell Strauss :
Je me réserve du temps pour la pièce de résistance.
Daté de mon année de naissance :
Bouquet final :
On peut très bien être troublé par les deux.
2022/09/01 (木) 9:03
La qualité de l'info sur le site Tamino est confondante, c'est réconfortant de constater que nous ne sommes pas seuls à vivre nos folies.
[1] ] d'André Maurois (1921).
[2] Le Christ s'est arrêté à Eboli, de Carlo Levi (1945, trad. française 1948).
[3] Giuseppina Finzi-Magrini, cantatrice italienne (1878-1944).
[4] Les grandes lanternes décorées que l'on promène sur des chars à la nuit tombée dans la ville de Goshogawara (Préfecture d'Aomori, région de Tsugaru) lors de la fête de Tachineputa (début août) sont verticales et peuvent culminer jusqu'à 20 mètres de hauteur.
[5] Arrière-petite fille de Wagner, actuelle directrice du Festival de Bayreuth.
[6] Voir notamment Folies françaises 2020, 2020/04/19 (日) 21:30 et 2020/05/16 (土) 11:19.
[7] Pasquier.
[8] Voir note 5.
[9] daikôbutsu (en japonais, plat préféré).
[10] (en japonais) Maison des Arts et de la Culture de la Préfecture de Kyoto, salle polyvalente de 422 places (1970).
[11] en japonais, prospectus.
[12] L'Académie de musique française de Kyoto, voir Folies françaises 2020, 2020/05/15 (金) 19:07, note 8.
[13] Inoue Michiyoshi, Voir Folies françaises 2020, 2020/05/13 (水) 10:43.
[14] L'Orchestre symphonique de la Ville de Kyoto a été fondé en 1956.
[15] Ôtomo Naoto, chef d'orchestre japonais né en 1958.
[16] Ainola (le lieu d'Aino, l'épouse de Sibélius) est situé sur les bords de ce lac proche d'Helsinki. Sibelius y vécut de 1904 à sa mort en 1957. C'est aujourd'hui un musée.
[17] Salle de récital à Osaka.
[18] Monsieur Nomura, dont nous chérissons la mémoire, était le gérant du restaurant de l'Institut franco-japonais du Kansai, intallé autour du grand Paysage de Normandie peint par Foujita pour l'inauguration du bâtiment (1936).
[19] en suédois Musée de la Danse. L'établissement héberge la documentation relative aux Ballets Suédois, qui créèrent en 1921 au Théâtre des Champs-Èlysées le ballet de L'Homme et son désir(musique de Darius Milhaud sur un argument de Paul Claudel).
[20] Village du sud-ouest de la Norvège célèbre pour son fjord. Le Trollfjorden se situe, pour faire simple (une région voisine le revendique également) dans l'archipel septentrional des Lofoten.
[21] La Lande des Batailles. C'est le nom du marais engendré voici 20.000 ans, comme le lac en contrebas, par une éruption cataclysmique du Nantai. [22] Recueil de contes et légendes de cette ville de la préfecture d'Iwate par le folkloriste Yanagita Kunio (1910). [23] Ces deux sanctuaires proches de Tokyo célèbrent des loups divinisés. [24] Race de chiens orginaires de la région d'Akita, dans le nord-est du pays. Ils étaient utilisés pour la chasse au gros gibier, à commencer par l'ours. [25] Dans la préfecture d'Iwate, toujours dans le nord-est (1917 mètres). Cette montagne est notable pour ses plantes alpines. [26] Les chutes de la "tête de dragon" font partie du système de cascades qui entraînent les eaux de la rivière Yu de la montagne au marais, puis du marais au lac en contrebas, avant d''effectuer une spectaculaire plongée verticale d'une centaine de mètres (cascade de Kegon). C'est en obstruant par ses déjections le cours de la rivière que l'activité éruptive du Nantai créa les divers éléments (marais, cascades, lac) de cet extraordinaire et somptueux paysage. [27] Le second sanctuaire, situé au niveau du lac de Chûzenji (1278 mètres), d'un ensemble de trois établissements religieux dont le principal se trouve à Nikkô, près des mausolées shogounaux (env. 600 mètres), et le plus élevé au sommet du Mont Nantai (2486 m). L'ascension du volcan, considérée comme un acte sacré, se fait à partir du second sanctuaire, où il convient de s'enregistrer et de payer un écôt avant de se lancer à l'assaut de la pente. [28] Villages montagnards et forestiers dans l'immédiate périphérie de Kyoto. [29] Caprins du type saro (capricornis crispus).
[30] Histoire des rois de Norvège, tome II. Histoire du roi Olaf le Saint , de Snorri Sturluson, édition et traduction du vieil islandais par François-Xavier Dillmann, Gallimard, « L’aube des peuples »,2022.
[31] L'Orchestre philharmonique d’Helsinki, sous la direction de son chef Robert Kajanus, proposa à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris 1900 plusieurs oeuvres de Sibelius, parmil lesquelles sa Première Symphonie, Finlandia, Le Cygne de Tuonela et Le Retour de Lemminkänen. [32] Péninsule montagneuse au nord-est de l'île septentrionale de Hokkaidô. [33] Deux des quatre Kouriles du sud occupées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale par les Russes, objet d'un contentieux territorial avec le Japon. [34] Un navire de plaisance avec 26 personnes à son bord a fait naufrage au large de Shiretoko le 23 avril 2022. Il n'y eut aucun survivant. [35] Avenue est-ouest de Kyoto.