2022/11/08 (火) 6:44
Je ne sais pas d'où cela sort (où ? quand ?), mais on est carrément hors de ce monde. https://www.youtube.com/watch?v=18LASC82ZoQ
Qui n'a (presque) rien à voir. Tu sais combien je suis d'habitude mauvais public, mais je suis scotché par cette mise en espace de l'air de Zerbinette.
Cela m'a encouragé à aller y voir s'agissant de Julie Fuchs. On a certes entendu des Zerbinettes plus "stupende", mais sans doute pas beaucoup de plus crédibles, et pour le reste elle ne fait pas honte, tu m'en diras des nouvelles. Belle plante au demeurant.
2022/11/09 (水) 15:58
Trois conférences, un vernissage d'exposition – dont j'étais l'une des chevilles ouvrières – un court voyage dans les Vosges (Waldersbach [1]) avec mes vieux parents, tu vois le topo.
Je me suis consolé par la littérature en relisant Échenoz en continu. Moins de musique, peu d'écoutes. Je puise dans mes disques épars. Faute de ton acribie toujours exquise :
Je te laisse avec deux déesses pas près d'être désossées. La grâce, quoi.
2022/11/09 (水) 16:12
Avant que d'écouter ce que tu m'adresses, un scoop : je pars du 21 au 27 à Paris, pour assister le 25 au Palais de Tokyo à la célébration du trentième anniversaire (qui ne me rajeunit pas...) de la Villa Kujoyama [2]. Les organisateurs ont eu la bonté d'inviter le "signor commendatore", lequel a pensé qu'il ne serait peut-être pas là pour le soixantième (anniversaire) et qu'il valait mieux tenir que courir. "Dans cette ville toute pleine, de plaisirs, de joie et d 'amour, Dans cette ville souveraine je ne ferai (donc) qu'un court séjour", mais...
2022/11/09 (水) 16:33
Je te manquerai, quelle guigne !
Quant au Signore, te voici :
2022/11/10 (木) 15:01
Me voici, dis-tu ?
J'aimerais bien !
Et le prodigieux finale du II des Noces, miracle de théâtre musical, pour prolonger le charme ensorcelant du duo de Lisa et de Roberta.
2022/11/10 (木) 16:23
En piéton de Paris, je découvre que sur le porche de l'église Saint-Dominique, le sculpteur a donné au saint éponyme le visage de... Louis Jouvet.
2022/11/10 (木) 17:35
Incroyable ! Et renseignements pris, l'artiste avait bien fait poser Jouvet !
Il ne s'agissait donc pas d'une coïncidence, comme celle du masque de nô de notre expo Guimet-Claudel au Muséum de Lyon [3] qui ressemblait à la caricature de Chirac dans les Guignols de l'info. Apparemment ils avaient le même dans un musée orientaliste à Toulouse [4], et une dizaine d'années après ils ont fait un carton avec !
2022/11/13 (日) 19:59
J'ai visionné dans une totale admiration la vidéo du superbe Don Giovanni du Met que tu m'as adressée pour le Commandeur, de fait statuesque, de Kurt Moll. Ils sont tous au sommet, mais ce qui me met littéralement à genoux, c'est la performance pour le coup "stupenda" de Carol Vaness. Elle devait être ce soir là dans la forme d'une vie, et son "Or sai chi l'onore" est d'anthologie, sinon inégalable.
Je suis donc allé y voir concernant ce phénomène, et comme aurait dit Thierry Roland, je n'ai pas fait le voyage pour rien.
Oh my !
2022/11/14 (月) 7:47
Tout cela est de fait d'une perfection stupéfiante. Effectivement on ne revient pas du voyage les mains vides. Je te recommande ses enregistrements d'Elettra dans Idoménée. Quand ses manières melliflues de mezzo s'invitent, rien ne résiste plus.
Dans une œuvre moins couramment évoquée ceci n'est pas mal non plus :
Ce qui n'empêche pas un retour à des enchanteresses déjà plébiscitées :
2022/11/14 (月) 17:51
Mozart : a-t-on jamais chanté la Comtesse avec pareille sonorité que Vaness ?
Elle préférait d'ailleurs Elvira à Anna, la trouvant plus complexe, moins tout d'une pièce.
Ses Fiordiligi et Vittellia sont inimaginables, elle ne laisse à ses suivantes que de misérables miettes. Et à écouter les lives que je te poste, je mesure mon erreur quand je t'écrivais l'autre jour qu'elle devait être dans la forme d'une vie le soir de l'Anna du Met. À la fin des années 80, les soirées de pur miracle semblent avoir été son pain quotidien.
J'ai découvert ton mail pendant la pause de mon traditionnel crapahutage au Gôtoku-ji [5], et j'ai donc écouté notre divine Anneliese assis sur mon éternel banc de pierre face à la pagode à trois étages : deux versions du paradis ! J'ai bien entendu déposé mon obole sur la tombe de notre cher Naosuke [6] (nous irons de conserve -ou plutôt de concert !- dès que je serai revenu de Paris), et sur le chemin du retour les canassons divinisés d'Ikejiri [7] demeuraient au régime : la foi vacillerait-elle ?
2022/11/14 (月) 23:59
P.S. Il me revient, en considérant la vidéo de Porgi amor, que la Suzanne qui assiste ici sa maîtresse en proie aux tourments de l'amour n'est autre que Kathleen Battle, et que la production est celle, à jamais fameuse, au cours de laquelle Battle, furieuse que la loge
numéro 1 du Met ait été allouée à sa collègue, jeta les affaires de Vaness dans le couloir et prit possession du local tandis que l'autre répétait sur scène [8]...
O opera ! O mores !
[1] Commune de moyenne montagne du Bas-Rhin, arondissement de Molsheim.
[2] Voir Folies francaises hiver 2022, 2022/03/12 (土) 22:09, note 1.
[3] "Destination Japon, sur les pas de Guimet et de Claudel", du 19 avril au 20 septembre 2005. François Lachaud et Michel Wasserman avaient été commissaires de la partie Claudel de l'exposition, qui traitait des rapports de "l'ambassadeur-poète" avec des peintres de style japonais relevant de l'École dite de Kyoto (tournant du siècle).
[4] Le Musée Georges Labit.
[5] voir supra, note 28.
[6] Ibid.
[7] voir supra 2022/10/14 (金) 15:41, et note 9
[8] L'histoire des caprices de diva de Battle, qui conduisirent finalement à son renvoi du Met pour comportement non-professionnel, prendrait un recueil (surréaliste) à raconter et ferait passer Callas pour un ange de bienveillance et de modestie. Qu'il suffise d'ajouter ici que Vaness et Battle avaient dû (the show must go on) se supporter durant les représentations du Met, et jusqu'à la tournée au Japon organisée dans la foulée. À la fin de l'ultime représentation japonaise, la légende du lyrique veut toutefois que "when the applause died away and the curtain came down for the last time the singers hugged one another, tired yet exuberant after the ovation. Conductor James Levine stood talking to soprano Kathleen Battle as Vaness approached. 'Kathy,' she said, in a cold, firm voice. 'I want you to know that I've instructed my manager I will never sing with you again. You are the most horrible colleague that I have encountered in my whole career ..." (Johanna Fiedler, Molto agitato, The Mayhem Behind the Music at the Metropolitan Opera).