2023/04/09 (日) 0:43
J'apprends que j'ai des places pour deux des concerts de Dylan à Tokyo. Le second sera quasiment une centurie – évidemment débutée sur le tard – mais tout de même cela fait trois décennies et demie. La voix est partie si elle fut jamais présente, mais tant pis. Né en 1941, mon Nobel à moi c'est lui.
J'ai écouté le Turandot dirigé par Pappano qui pousse aux dithyrambes les critiques – l'enregistrement en studio donnerait de l'espoir.
Mon dernier sur scène reste mémorable pour le lieu et l'interprète :
Que l'on retrouve ici :
Mais du passé, impossible de faire table rase et les choix alternatifs ne manquent pas :
Curieuse œuvre dont je ne lasse pas malgré ses « défauts ».
2023/04/09 (日) 11:29
Nikolaus Lehnhoff est l'un des rares metteurs en scène d'opéra qui ait mes suffrages, j'ai d'ailleurs encore le (vague !) souvenir d'une Femme sans ombre qu'il avait montée en 72 (ce n'est pas hier...) à l'Opéra, dir. Böhm, avec King, Rysanek, Ludwig et Walter Berry, tu imagines ? Un autre monde... En revanche la ridicule pâtisserie mitonnée par Zeffirelli pour ta chère Nina, sans compter les évolutions pitoyables qu'il impose à ses suivantes, ne sont malheureusement pas à porter au crédit du Maître. Dommage, je ne déteste pas toujours ce qu'il fait. Monaco et Borkh sont monstrueux à souhait...
Qui n'a pas grand chose à voir. Je me suis un peu penché sur le cas Grummer, concentré d'émotion pour moi, sans doute y a-t-il quelques raisons à cela : née allemande à Thionville en 1911, en fut chassée à l'armistice pour Meiningen, perdit son mari, premier violon à Aix la Chapelle, dans un bombardement en 45, et vécut apparemment ensuite dans son souvenir. おまけに[1], fut soigneusement écartée par Schwarzkopf de tous les enregistrements produits par Legge que la diva considérait comme sa chasse gardée discographique. Heureusement que cela ne pouvait concerner ni Weber ni le premier des deux Richard, c'est ainsi que je la découvris à l'adolescence dans Agathe,
et avec la grande Christa, une autre et non la moindre de mes passions, dans le Lohengrin pour enterrer tous les autres :
Tout d'elle serait à citer (sinon à tomber à genoux), je me suis borné à deux vidéos où on a le bonheur de voir cette voix angélique incarnée.
Quel Ottavio pourrait résister aux arguments de pareille Anna ?
Et que dire de l'émotion supplémentaire de retrouver Pierlot[2] et Isabell Strauss[3] dans ce live parisien de 65 ?
Et pour la route :
2023/04/09 (日) 12:36
Le Met sur les cimes du kitsch aurait dit Broch – avec Zeffirelli – est une erreur sinon une horreur de ton serviteur. Je le compisse comme Renart la progéniture d'Ysengrin.
Grummer mérite les empyrées. Je ne me lasse de rien.
Au fond, Pappano a un grand tort : faire appel à Kaufmann qui ne vaut plus rien – sauf les cachetons. Il y a pourtant Spyres mais le Calaf de JK mérite la kalash.
Sur Turandot, un sinologue m'avait jadis demandé une dizaine de feuillets qui apparurent un temps sur un site éponyme consacré aux supplices chinois...
2023/04/10 (月) 0:53
L'idiot que je suis et entends rester se demande s'il n'a pas été injuste avec Kaufmann. Je suis reparti pour un tour d'Apple Music et, dans cette œuvre étrange et sublime, je crois que Jonas – loin du heldentenor de jadis – en fait trop. Je songe aussi à une marotte : la prise de son et le mixage. Mais, c'est beau quand même. Pour le sublime, il faudra repasser. Je te renvoie deux de nos héros, sans même passer chez Mehta qui, à cinquante ans de distance, met tout le monde d'accord.
Enfin presque, je tombe sur ceci chez un partisan qui ne mâche pas ses mots :
2023/04/10 (月) 4:57
Je ne dors jamais d'une traite hélas, et je tombe en pleine nuit, tu en jugeras, sur ton dernier mail auquel je tâcherai de répondre demain si je ne veux pas me réveiller tout à fait en me livrant à plus d'heure à des exercices de turandologie comparée. Je te livre donc ci-dessous le fruit de mes divagations d'hier soir.
Sais-tu que j'ai retrouvé sur le net le titre de ton antique communication (Dijon 2004) sur les "tortures et supplices dans les arts du Japon d'Edo" ? En as-tu gardé le texte ? Si oui je suis preneur !
Par ailleurs, s'agissant de l'Elsa de Grummer, après l'air du I et la scène de crépage de chignon avec Ortrud, difficile de passer sous silence le duo de la chambre avec Konya (Bayreuth 59), or là on embraye sur un autre trésor : sein Vater ist Parzival, indubitablement.
De lui d'abord cette absolue curiosité :
Et quel finale (malgré les pubs intempestives) :
Pour le reste (et comme il n'y a tout de même pas que Lohengrin dans la vie), il y a tant de beautés égales qu'on ne sait laquelle choisir, c'est carrément gâcher la marchandise, le type avait tout...
Enjoy !
2023/04/10 (月) 15:05
Écoute, tous ces Calaf sont superbes, y compris Kaufmann, même s'ils donnent l'impression de ne pas chanter le même air et de faire avec ce que la nature leur a donné. Quant à Turandot, je pense que la terre est définitivement brûlée depuis la Nilsson, aux aigus incandescents, d'autant plus qu'elle avait à se coltiner (et apparemment ça n'était pas toujours de la tarte, l'histoire de la morsure est sans doute un fake à usage publicitaire mais bon...) ce qui est sans doute (malgré Pavarotti ?) le Calaf idéal. Je m'en tiendrai donc, avec ta permission, aux deux joyaux suivants :
NB : Outre qu'elle est une Turandot stupenda, la créatrice du rôle en allemand est une superbe révélation, et une touchante Butterfly...