2025/07/20 (日) 3:34~2025/07/22 (火) 1:08
- wmt02379
- Aug 13
- 5 min read
Updated: Aug 14
2025/07/20 (日) 3:34
La Carmen générationnelle a fait ses malles.
Elle n'aura pas traîné.
Habanera
Seguedille
Trio des cartes
Voi lo sapete
Tu qui, Santuzza
O don fatale
Carceleras
2025/07/20 (日) 8:34
La vidéo ne vaut pas lourd et Uria-Monzon en "immense cantatrice" chez Fauré frise carrément le ridicule (on dirait une caricature de la Crespin -ou, pire, de Souzay), mais cela me permet de revoir mon regretté bon maître Michel Serres, bien vieilli hélas quinze ans après notre dernière rencontre. Je vis d'ailleurs constamment avec lui, je le lui avais dit, pour la raison suivante. C'était en 2004, j'étais rentré à Paris pour faire une conf sur les estampes de kabuki dans le cadre d'une exposition au Grand Palais. J'en avais profité pour passer le voir à Vincennes, où il avait une jolie maison tout en longueur avec jardin dans cette rue amusante qui se dit sur un côté rue de Montreuil à Vincennes, et sur l'autre rue de Vincennes à Montreuil : il était donc du "bon" côté. Plein alors de mes estampes, j'avise sur le mur en rentrant une belle composition en camaïeu de gris, un Kunisada [1] représentant le cinquième Kôshirô [2], célèbre pour son long nez crochu. Je l'en félicite, et il me demande pourquoi. Comme je le lui explique, il dit à sa femme : "Suzanne, décroche-ça et donne-le à Michel, il en fera meilleur usage que nous". J'eus beau protester, c'était dit et je dus reconnaître auprès de lui qu'il ne pouvait de fait me faire plus beau cadeau, puisque j'aurais désormais sous les yeux le témoignage constant de notre amitié : de fait l'estampe trône depuis dans ma chambre à coucher, auprès d'oeuvres d'Aiko Miyawaki [3], d'Olivier Debré, de Keiichi Tahara [4] et de notre communément regretté Bruno Mathon [5], qui me valent chaque nuit comme un dialogue avec mes morts en attendant que j'aille les rejoindre.
2025/07/20 (日) 21:11
Effectivement, il n'y a pas de quoi aller au tapis chez Monzon – Carlos me revient en mémoire – et le collègue, d'ordinaire inspiré, qui m'a écrit comme si Agnès Baltsa nous avait quittés ne m'a pas convaincu avec sa « Carmen chamanique » ...
Cela permet de revoir le sympathique Michel Serres avec qui j'ai parlé de rugby et de mer.
2025/07/20 (日) 23:55
Ma voisine allemande[6] lit Le Monde diplomatique posé sur ses genoux et Libération sur sa tablette où les mérites de Monzon apparaissent en grand. Le train est en retard comme de bien entendu. Le vacarme des vacanciers fait regretter le Shinkansen.
Plus modestement, je me contente d'un volume d'essais de Brendel dont j'ai trouvé un exemplaire signé... Le précédent propriétaire du livre mentionne que l'intégrale Philips que j'ai à Paris ne contiendrait pas les deux morceaux suivants :
Rêverie inutile et ferroviaire en attendant Offenburg...
2025/07/21 (月) 8:13
Ch'io mi scordi di te, K. 505.
Je ne saurais certes l'oublier : pour le concert des dix ans de l'Académie [7] avec l'Orchestre Symphonique de la Ville de Kyoto, j'avais fait chanter le K. 505 par Agnès Mellon à l'accompagnement de Christian Ivaldi, et le K. 490 sur le même texte avec obbligato de violon par Régis. On ne s'est pas toujours emmerdés dans nos pauvres vies...
2025/07/22 (火) 1:08
Je me doutais bien que j'avais dû te parler au cours de l'une de nos divagations du concert du dixième anniversaire, une belle histoire bien japonaise comme nous les aimons. En appliquant la fameuse combinaison enseignée par David ("command + F" sur MacBook Pro) et en tapant "anniversaire", j'ai retrouvé le truc au bout de quelques clics, et je ne résiste pas à te l'adresser à nouveau, il date du 15 août 2022.
Quand nous avons inauguré l'Académie en 90, au bout de deux ans Inoue Michiyoshi [8] (il dirigeait alors l'Orchestre de Kyoto), que je connaissais peu jusqu'alors et que je trouvais surtout très imbu de lui-même, prit contact pour nous demander de détacher chaque année l'un de nos profs comme soliste du concert mensuel d'abonnement de l'orchestre, concomitant à la période du stage d'interprétation. Au début je n'étais pas chaud, craignant que cela crée des problèmes au sein du corps professoral : programmer le concert d'ensemble qu'ils donnaient à la fin de l'Académie après l'avoir préparé pendant le stage et répétaient ensuite à Tokyo, Osaka et dans deux autres grandes villes de province, constituait déjà un exercice de diplomatie culturelle qui suffisait à mon bonheur. Bref je finis par accepter, mais en demandant pour apaiser les jalousies éventuelles que l'on utilise si possible plusieurs de nos solistes, c'est ainsi que nous commençâmes en 92 avec le Triple de Beethoven. La chose devint rituelle (avec chaque année un ou deux de nos artistes), et du coup je devins moi-même très copain avec Inoue, enfin autant qu'on peut l'être avec pareil personnage. En 99, nous fêtâmes le dixième anniversaire de la manifestation, et je persuadai Ôtomo Naoto [9], qui avait entre-temps succédé au chauve sublime, de programmer un concert Mozart exceptionnel avec cinq de nos musiciens, probablement en réduisant les cachets que nous demandions pour eux. J'étais très fier du programme que je concoctai. Cela commençait sans doute avec une ouverture, peut-être celle des Noces, après quoi nous donnions le concerto pour deux pianos K365 avec Ivaldi et Pludermacher, puis Agnès Mellon chantait en fin de première partie Ch'io mi scordi di te, l'air de concert avec obbligato de piano K505, accompagnée par Ivaldi et l'orchestre. Au début de la seconde partie, elle chantait à l'accompagnement obbligato de Régis l'air (ajouté à l'occasion d'une reprise d'Idoménée) Non temer amato bene K490 que Mozart composa sur les mêmes paroles, après quoi Régis et Bruno jouaient la Concertante K 364,
et le concert se concluait, anniversaire de l'Académie de musique française de Kyoto oblige, sur la Symphonie parisienne K297. Que croyez-vous qu'il arriva ? Il me revint quelques jours plus tard que la manifestation avait engendré des remous dans l'orchestre, les musiciens s'étant sentis, c'est le cas de le dire, instrumentalisés, considérant qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de briller en tant que formation orchestrale comme il seyait lors d'un concert d'abonnement... À quoi ça sert que Ducros il se décarcasse !
[1] Utagawa Kunisada (après 1845 Utagawa Toyokuni III), peintre d'estampes (1786-1865).
[2] Matsumoto Kôshirô V, acteur de kabuki (1764-1838).
[3] Plasticienne (1929-2014).
[4] Photographe (1951-2017).
[5] Peintre (1938-2020).
[6] François Lachaud effectue alors un voyage d'études, notamment à Cassel et Marbourg, consacré aux Frères Grimm.
[7] L'Académie de Musique française de Kyoto.
[8] Chef d'orchestre (1946 -).
[9] Chef d'orchestre (1958 -).

Comments